Chronique cinéma 2012-3

Si j’ai pu donner l’impression d’avoir abandonné cette chronique depuis fin juin, c’est essentiellement du fait de l’indigence des programmes de télévision pendant la période estivale, mais également  parce que j’avais mieux à faire que de regarder la télévision ou d’aller au cinéma… 😉

Rappel sur les billets mensuels précédents : février, mars, avril, mai, juin.

La signalétique du meilleur au pire  😀  🙂  😐  🙁  😡

  • Fish tank. 🙂 Très beau film de Andrea Arnold sur fond de banlieue triste de l’est Londonien. L’histoire d’une jeune fille, Mia, passionnée de danse Hip Hop,  qui traîne sa solitude entre une mère pas très présente, les amants de celle-ci, une jeune sœur un peu pénible, et la vie de banlieue peu reluisante. Un critique disait qu’il y avait du Ken Loach dans ce film. C’est tout à fait vrai, tant par le sujet que par les dialogues, parfois crus, mais également par la manière de filmer. Une mention particulière pour la toute jeune actrice Katie Jarvis, très juste dans le rôle de Mia, et pour qui on se prendrait presque d’affection. Ce film a remporté le prix du jury à Cannes en 2009. Plus de détails sur AlloCiné.
  • L’Appolonide. 🙂 Ce film au sous-titre plus évocateur « souvenir de la maison close » est un petit chef d’œuvre. Conçu davantage comme une chronique que comme la narration d’une histoire bien précise, il raconte la vie de prostituées à l’aube du XXème siècle dans la maison de Madame Marie-France. C’est la vie de Julie, Samira, Clotilde, Madeleine, Pauline, Léa, et les autres, chacune avec son histoire, ses soucis, etc. mais qui font preuve, entre elles, d’une étonnante solidarité. C’est aussi la vie de ces hommes qui font quasiment partie de la petite communauté et qui sont parfois plus que de simples « clients ». La grande qualité des décors et la description soignée et esthétique de l’ambiance, font oublier la lenteur de ce film, lenteur qui contribue d’ailleurs beaucoup à comprendre que, pour ces femmes, le temps qui passe est une des causes de leur mélancolie, voire de leur souffrance.Plus de détails sur AlloCiné.
  • L’école du pouvoir. 🙂 Cette école du pouvoir, c’est l’ENA dont cette série TV raconte la vie des étudiants d’une des promotions du début des années 80, juste avant l’avènement de la gauche à la tête de l’État. Sans chercher à retracer plus particulièrement le parcours d’une promotion particulière, on ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec la fameuse promotion Voltaire d’où sont issus un certain nombre d’hommes et de femmes politiques qui furent les petits soldats de l’époque Mitterand et dont certains sont maintenant à nouveau au pouvoir. En dehors de cet aspect, ce film est intéressant car il traite sans concession de ces futures élites qui vont être amenées à tirer les ficelles du pouvoir, qui se prêtent à une lutte acharnée pour l’obtention des meilleurs postes et qui sont parfois prêts à « avaler leur chapeau » pour leur carrière ou pour la raison d’État. On y voit l’ascension de certains, des chutes également, les désillusions, bref, tout ce qui fait l’essence de la politique. A noter les interprétations très convaincantes de Robinson Stévenin, Céline Sallette, Thibault Vinçon, et Elodie Navarre.Plus de détails sur AlloCiné.
  • Le roman de ma femme. 🙁 Ce film était prometteur, ne serait-ce que par certaines critiques qui le recommandaient en disant qu’il y avait du Chabrol dans cette histoire et la manière de la raconter. De plus la distribution était également prometteuse avec Léa Seydoux et Olivier Gourmet. En effet, cela commence bien, l’intrigue se noue progressivement. Hélas cela ne dure pas, on se trouve petit à petit dans des longueurs interminables et un imbroglio de situations de moins en moins crédibles. Les acteurs eux-mêmes ne semblent plus y croire, y compris Olivier Gourmet qui fut pourtant très convaincant au début, dans son personnage ambigu et inquiétant. Cela dure ainsi jusqu’à la fin, avec un dénouement « tiré par les cheveux ». Bref, si vous n’avez rien d’autre à faire, regardez le mais franchement il n’y a pas de quoi faire référence à Chabrol, ou alors ceux qui le font n’ont pas vu beaucoup de film de ce grand réalisateur. Plus de détails sur AlloCiné.
  • La piel que habito. 😀 Comme tous les films d’Almodovar, lorsque le générique de fin commence à défiler, on se retrouve, dans son fauteuil, comme un boxeur qui vient de recevoir un bon coup de poing dans le plexus. Impossible de dire si on a aimé ou non, impossible de faire le moindre commentaire. Ce n’est que le lendemain, voire plus, qu’après avoir rejoué l’histoire dans sa tête qu’on se dit que l’on a bien à faire à quelque-chose de pas ordinaire. Cette fois-ci, ce fût encore le cas pour moi. La piel que habito (la peau dans laquelle je vis) est un thriller fantastique et terrifiant mais qui se déroule pourtant dans un monde aux allures de réel. Hélas, l’histoire ne peut pas être racontée en deux phrases (c’est souvent le cas des scénarios d’Almodovar). Antonio Banderas y incarne un médecin bizarre et sans scrupule qui s’adonne à des expériences de peau artificielle et qui a besoin d’un cobaye pour valider ses découvertes. C’est parfois dérangeant mais tellement captivant qu’on en reste bouche bée. Plus de détails sur AlloCiné.
  • La guerre est déclarée. 🙂 Le sujet, centré sur la maladie grave d’un enfant de 18 mois (tumeur au cerveau), et à la galère menée par ses parents, n’est pas particulièrement engageant et il faut bien que la critique soit unanimement positive pour se résoudre à regarder ce film de Valérie Donzelli, laquelle raconte d’ailleurs sa propre histoire, celle son fils et de son compagnon. Contrairement à tout ce que l’on peut attendre, on ressort de ce film avec une immense bouffée d’optimisme. Dans la narration de cette histoire, tout est traité pour nous faire participer au combat de ce couple, et de ceux qui les entourent, sans pathos excessif. L’univers du monde hospitalier est par ailleurs parfaitement rendu et c’est un peu une promotion pour l’hôpital public sans trop le dire. Curieusement l’avis des spectateurs est beaucoup plus nuancé que celui de la presse. Certains y voient un véritable navet et d’autre un immense chef d’œuvre. Pour ma part, sans le considérer comme un chef d’œuvre, je l’ai bien aimé et je vous conseille de le voir si vous en avez l’occasion. Plus de détails sur AlloCiné.
  • Présumé coupable. 😀 Terrible histoire que celle d’Alain Marécaux – « l’huissier » de l’affaire d’Outreau – arrêté en 2001 ainsi que sa femme et 12 autres personnes pour d’horribles actes de pédophilies qu’ils n’ont jamais commis. C’est l’histoire de la descente en enfer d’un homme innocent, face à un système judiciaire incroyablement injuste et inhumain, l’histoire de sa vie et de celle de ses proches broyée par une des plus importantes erreurs judiciaires de notre époque. Ce film est remarquable pour la rigueur mise à reconstituer avec une fidélité à toute épreuve. Non seulement le livre d’Alain Marécaux a servi de base, mais également les minutes des interrogatoires, des audiences, etc. Pour incarner cet homme, Philippe Torreton est époustouflant, on en ressort complètement laminé. Parmi les autres interprètes, le jeune acteur Raphaël Ferret campe un Juge Burgeaud plus vrai que nature. (j’ai encore le souvenir du vrai, lors de son audition devant la commission parlementaire, droit dans ses bottes, froid, sans regret ni compassion, ni excuses). Plus de détails sur AlloCiné.
  • RIF (Recherche dans l’intérêt des familles). 🙂 Bon d’accord, ce n’est pas le grand polar du siècle, ni même de la décennie. Toutefois, pour un film qui n’a pas enthousiasmé la critique, pas plus de la presse que des spectateurs, il mérite quand même qu’on s’y intéresse. Afin de résumer ce que j’en pense, plutôt que de me torturer les méninges, je vous livre ci-après le commentaire de la rubrique cinéma du journal Le Monde, ceci illustre parfaitement mon opinion : « R.I.F., à compter d’aujourd’hui, désignera une rareté dans le paysage cinéma-tographique français: un bon petit polar, tendu, incarné, faisant sienne la modestie opiniâtre qui convient au travail de terrain. (…) Voici un film plaisant et attractif qui ne tombe pas pour autant dans la facilité, et malgré tout susceptible de réunir les suffrages du plus grand nombre« . Yvan Attal et Pascal Elbé y sont très convaincants dans leur face à face tendu. Plus de détails sur AlloCiné.
  • Les regrets. 🙂 Mathieu (Yvan Attal) est amené à se rendre dans sa ville natale. Il y rencontre fortuitement Maya (Valeria Bruni Tedeschi) qui fut son amour de jeunesse. Sur ce point de départ assez banal, et maintes fois exploité au cinéma, aurait pu naitre une gentille aventure sentimentale avec un émouvant happy end. Rien de tout cela. Bien au contraire, c’est à une terrible réflexion sur la passion amoureuse, violente et dévastatrice, que Cédric Kahn nous convie avec ce film. Ces deux êtres vont entrer dans une spirale infernale, destructrice, entre hésitations, volte-face et passion dévorante. Tout ceci est filmé sur un rythme nerveux et haletant  qui laisse le spectateur désemparé quand la lumière revient. Les deux acteurs principaux sont parfaits de justesse et d’émotion. Plus de détails sur AlloCiné.
  • La faille. 😐 Un face à face haletant entre un vieil industriel machiavélique qui vient de tenter d’assassiner son épouse et un jeune procureur ambitieux et sûr de lui. Sur un scénario prometteur et la présence d’Anthony Hopkins aurait pu aboutir un bon film. Hélas, il n’en est rien. Hopkins se la joue un peu trop dans le style « Silence des agneaux » et Ryan Gosling est un brin agaçant. Les seconds rôles sont insignifiants. Bref… cela ne va entrer au panthéon des œuvres inoubliables. Plus de détails sur AlloCiné.
  • Le Skylab. 🙂 C’est à une petite comédie sans prétention, mais extrêmement sympathique, que nous convie ici Julie Delpy au travers de cette chronique savoureuse et truculente d’une réunion de famille en Bretagne vers la fin des années 70. Ce sont nos oncles, tantes, frères, sœurs, cousins, cousines, beaux-frères et belles-sœurs sans oublier les enfants, grands ou petits, qui vivent là sous nos yeux, comme si nous faisions nous-même partie de la fête. Au-delà de cette chronique d’une famille comme il en existe heureusement beaucoup, c’est aussi un regarde tendre et affectueux vis à vis de chacun. Bref, une extraordinaire bouffée d’air frais dans ce monde torturé. A noter une pléiade d’acteurs, plus ou moins connus, qui prennent visiblement beaucoup de plaisir. Plus de détails sur AlloCiné.
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1 Response to Chronique cinéma 2012-3

  1. Antoine dit :

    Il y a l’air d’avoir plein de bons films dans cette chronique… À garder dans un coin pour y revenir à la pêche aux idées pour une soirée TV !

    Sinon on avait vu la faille, et trouvé ça bof aussi, vite vu vite oublié…

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