Photo pratique : Le stabilisateur d’image

Ah ! la photo floue ! quelle plaie…!

Qui n’a pas été déçu, en affichant ses photos sur son ordinateur, par l’une ou plusieurs d’entre-elles qui paraissaient pourtant correctes en les regardant sur l’écran de contrôle de l’appareil et qui se révèlent être plus ou moins floue en pleine résolution ?

A cela, il existe plusieurs explications mais celle qui vient à l’esprit en premier est généralement attribuée à un mauvais choix de la vitesse d’obturation par rapport à la vitesse de déplacement du sujet photographié. Nous avons vu ceci dans l’article consacré à la gestion de la lumière et nous savons donc comment y remédier en jouant sur l’ouverture ou sur la sensibilité.

Une autre raison est imputable à ce qu’il est convenu d’appeler le « flou-bougé » lequel est imputable au photographe lui-même. En effet, celui-ci ne peut pas forcément maintenir son appareil de manière parfaitement stable. Il est très difficile de ne pas engendrer des vibrations, plus ou moins importantes, lesquelles peuvent alors avoir un impact sur la netteté du cliché. Une parade consisterait à toujours utiliser un trépied mais nous savons que cela n’est pas une solution raisonnable.

Les stabilisateurs optiques

Fonctionnement d’un stabilisateur (C) Nikon

Afin d’y remédier, la plupart des constructeurs intègrent dorénavant dans leurs objectifs, ou leurs boîtiers, des mécanismes de compensation de telles vibrations que l’on appelle stabilisateur optique (1).

Cette technique était déjà assez largement utilisée dans les télescopes, avec certaines jumelles, et plus récemment dans les caméscopes numériques.

Comme l’illustre le dessin ci-dessus, le principe consiste à équiper l’objectif d’une lentille supplémentaire (VR), pilotée par deux petits moteurs (VCM) qui vont permettre son déplacement dans les deux axes perpendiculaires à l’axe optique. Ainsi elle pourra recentrer l’image en compensant le déplacement imputable à la vibration de l’optique. Pour cela, faut-il encore connaître l’amplitude des vibrations pour déterminer de combien la lentille doit être déplacée dans les deux sens ? Ce sont deux capteurs de position angulaire (basés sur le principe d’un gyroscope) qui vont piloter les deux moteurs. L’un va mesurer l’amplitude du mouvent selon le plan vertical (Pitch) tandis que l’autre la mesurera selon le plan horizontal (Yaw). Si ceci peut paraître simple à dire, il n’en serait pas de même si nous devions expliquer en détail le fonctionnement de tels micro-systèmes. 😉

Si beaucoup de constructeurs intègrent le stabilisateur dans les objectifs, d’autres l’installent dans le boîtier lui-même. Dans ce cas, ce n’est plus une lentille qui assure la correction mais c’est le capteur sensible lui-même qui se déplace. Konica-Minolta a été parmi les premiers à utiliser ce principe, et par la suite Sony l’a repris à son compte, permettant ainsi d’utiliser n’importe quel objectif de la gamme, même anciens (2). Pentax et Olympus utilisent également cette méthode.

Tout l’intérêt d’un stabilisateur va résider dans la possibilité de travailler à « main levée » sans trop se soucier du maintien parfait de l’appareil, et surtout de pouvoir descendre la vitesse d’obturation pour gagner en luminosité.

Attention toutefois, l’existence d’un stabilisateur n’est pas une assurance tous risques contre les images floues.

  • D’une part il ne pourra pas compenser tout, et en particulier il atteindra ses limites si les mouvements sont trop importants.
  • D’autre part, il sera d’autant plus sollicité que la focale sera importante et pourra donc être mis en défaut avec des téléobjectifs pour lesquels il sera préférable d’utiliser un trépied (3).
  • Inversement, si on utilise justement un trépied, il vaudra mieux débrayer le stabilisateur car, en l’absence de mouvements, le système pourra tenter de corriger des vibrations qui n’existent pas et donc provoquer un léger flou.
  • Enfin, le stabilisateur a besoin d’énergie et cela a un impact sur l’autonomie des batteries.

Les stabilisateurs numériques

Le stabilisateur numérique procure une fausse stabilisation de l’image. il ne compense pas le mouvement du photographe en agissant mécaniquement sur le capteur ou l’optique. C’est en augmentant la sensibilité du capteur qu’il va permettre un temps de pose plus court, ce qui va réduire les risques liés aux mouvement induits par le photographe sur l’appareil.

L’inconvénient majeur de cette technique réside dans le fait que la montée en sensibilité (ISO) peut provoquer l’apparition du bruit numérique qui altère la qualité de l’image.

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Notes :

(1) Chaque constructeur a son propre système de stabilisation :

  • Canon : IS (optique)
  • Nikon : VR (optique), e-VR (numérique). VR=Vibration Reduction
  • Pentax : SR (capteur)
  • Panasonic : OIS (optique)
  • Sony : SteadyShot (capteur)
  • Olympus : SWD (optique)
  • Samsung : OIS (optique), DIS (numérique)
  • Sigma : OS (optique)
  • Tamron : VC (optique)

(2) On ne peut pas vraiment parler de stabilisateur optique dans la mesure où ce ne sont pas des éléments optiques qui assurent la correction. Par contre il ne s’agit pas non plus d’une méthode numérique car la compensation des vibrations s’effectue malgré tout par un recentrage mécanique de l’image par déplacement du capteur.

(3) Si, avec une distance focale de 28 mm, une variation angulaire d’un degré ne représente qu’un déplacement angulaire de 0,5 mm, avec une focale de 200 mm ce déplacement atteint 3,4 mm. On imagine donc aisément ce que cela peut donner pour un point de visée situé à plusieurs mètres.

A lire également dans ce blog ces autres articles consacrés à la pratique photo :

Dans le domaine connexe de la retouche photo une série de tutoriels d’utilisation du logiciel Picasa.

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Références :

Comme d’habitude mes références sont toujours un peu les mêmes :

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1 Response to Photo pratique : Le stabilisateur d’image

  1. Antoine dit :

    Très intéressant, clair et documenté, comme toujours !

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