Carnet de voyage en Corse – Le Cap

Le Cap Corse est, sans aucun doute, l’un des éléments les plus emblématiques de la géographie de l’île. C’est en effet lui qui lui donne cette forme caractéristique d’une main aux doigts repliés, sauf un pointé vers le nord. Certains mauvais esprits « Corsophobes » y voient l’illustration du comportement rebelle et provocateur de son peuple à l’égard du continent. Pour ma part, cela ne m’est jamais venu à l’esprit.

Il s’agit d’un de nos lieux d’excursions favoris et, à chacun de nos séjours, nous ne manquons jamais d’aller en faire le tour.

Il s’agit en fait un long promontoire rocheux d’environ 40 km de long et de 10 à 15 km de large, orienté vers le nord dans le golfe de Gênes. Le relief y est relativement important, avec de nombreux sommets à plus de 1000 m d’altitude, dont certains même atteignent ou dépassent 1300 m. Le flanc ouest est nettement plus abrupt que le flanc est. Chacun des deux côtés a son charme et c’est pour cela que l’on ne peut pas faire l’impasse plus sur l’un que sur l’autre. La route qui en fait le tour est quasiment toujours en bord de mer à l’est, tandis qu’elle est en grande partie en corniche à l’ouest.

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Passer d’un versant à l’autre est possible mais les passages sont peu nombreux.

  • Le premier se situe entre Bastia et le golfe de Saint-Florent, par le col de Teghime et la plaine viticole de Patrimonio. On pourra en profiter pour monter jusqu’au belvédère  de la Serra di Pigno, à presque 1000 m d’altitude, qui offre un point de vue exceptionnel sur les deux versants (voir les illustrations ci-jointes et cliquez dessus pour les agrandir). Si on ne se lasse pas de la vue du golfe de St Florent, avec le massif des Agriates en arrière-plan, j’apprécie également la vue d’en haut de Bastia et des villages qui la surplombent. A ce propos, il faut prendre le temps de flâner dans ces petits villages tels que Pietrabugno, ou encore Cardo où l’on a l’impression que le temps s’est arrêté, loin de la grande ville pourtant toute proche, et où il fait bon s’assoir sur la place de l’église, écouter parler les habitants et le cas échéant prendre part aux conversations (c’est du vécu ;-)).

  • A l’opposé, tout au nord du promontoire, le passage à l’ouest s’effectue de manière quasi-obligatoire entre Macinaggio et le belvédère du moulin Mattei par le col Saint-Nicolas et le village aux allures austères de Rogliano. Ce bout de chemin d’environ 10 km n’a rien de particulier en dehors de la très belle vue, tout le long, sur la pointe extrême du Cap.

  • A ce propos, je vous recommande de faire un petit crochet en suivant la route étroite qui descend au milieu du maquis, des arbousiers et des troupeaux de chèvres jusqu’au petit hameau de Barcaggio et son île toute proche de la Giraglia. On rejoindra ensuite le belvédère Mattei par l’autre route et on pourra dire que l’on est allé au « bout du bout » du Cap Corse… 😀

  • Entre les deux, mais encore très au nord, il est possible d’emprunter une route transversale par la vallée  de Luri et le col de Sainte-Lucie. Très franchement, ce passage n’a pas beaucoup d’intérêt excepté les 5 derniers kilomètres de descente en lacets vers l’ouest. C’est ici que se situe la célèbre tour Sénèque que nous n’avons pas visitée mais qui est semble-t-il un point de vue remarquable.  A noter également une autre petite route (D35) qui rejoint Meria à Morsiglia. A priori, ces deux passages ont davantage une vocation utilitaire pour limiter le temps de trajet que touristique.

Vous avez donc compris que, excepté la marche à pied et le camping en suivant des sentiers transversaux, il n’est pas vraiment possible d’élaborer des itinéraires alternatifs par la route et qu’il convient  de « faire le tour » complet du Cap.

Si cela est possible dans une journée, il vaut mieux s’organiser pour répartir la visite sur deux jours. Le problème est de trouver un point d’hébergement intermédiaire, chose qui ne nous parait pas forcément facile en dehors de Bastia et de ses environs, sinon de quelques stations balnéaires de la côte est. Pour notre part, nous avons nos habitudes dans un hôtel sympathique situé à San Martino di Lota qui est un village perché tout près de Bastia (appréciez la vue imprenable au lever du jour, sur la mer en direction des côtes Italiennes, avec l’image ci-dessus prise du balcon de la chambre d’hôtel).

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Par quel côté vaut-il mieux commencer ? A vrai dire je ne sais trop que vous conseiller. Nous avons effectué la balade dans les deux sens mais le plus souvent tout de même à partir de Bastia, le matin en descendant du bateau, en commençant par la côte est.

C’est en effet une bonne manière de se mettre dans l’ambiance. La route est plutôt bonne et pas trop sinueuse. Elle traverse de nombreuses petites localités, le plus souvent désignées par « marine de », ce qui est une manière de désigner la partie bord de mer et plage d’un village qui se situe, en général, un peu plus à l’intérieur des terres.

Ce bord de côte revêt un aspect plutôt balnéaire. De Pietranera à Macinaggio en passant par Erbalunga (voir ci-contre), c’est une multitude de « marines » que l’on rencontre et où il fait bon faire des petites pauses en regardant la mer et, pourquoi pas, les pieds dans l’eau (Sisco, Pietracorbara, Porticcio, Luri, Meria, etc.). A partir de chacune, il est souvent possible de s’aventurer vers l’intérieur des terres par des routes de vallées en pente progressive jusqu’à des villages situés au pied des montagnes, lesquels  sont souvent des points de départ pour les randonneurs. Pour notre part nous connaissons assez bien Pietracorbara et Sisco.

Ce genre de crochet de 10 à 15 km AR pour chacun permet de prendre un peu d’altitude et d’admirer le paysage vallonné qui descend jusqu’à la mer. C’est également l’occasion d’observer les villages alentours avec leurs tours Génoises, et d’observer au large les îles Italiennes, dont l’île d’Elbe.

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Le passage vers l’ouest, par Rogliano et le col St Nicolas, étant fait (voir ci-avant), l’excursion vers le sud par la côte ouest est totalement différente. Déjà la route est plus sinueuse, plus étroite et en moins bon état (surtout au début), bien qu’elle ait été considérablement améliorée durant ces dix dernières années.

D’autre-part elle se situe nettement plus en hauteur par rapport à la mer, parfois en corniche vertigineuse, et même avec des dénivelés de 150 à 200 m.

C’est un paysage absolument fabuleux qui donne envie de s’arrêter à tout instant. Pour avoir effectué ce parcours en une fin d’après-midi d’automne, j’y ai trouvé de très belles harmonies de couleurs dans les tons de gris, de bleu, de beige, de mauve.

Les incursions vers la montagne amènent très rapidement sur des routes très étroites, peu sécurisées, et en corniches encore plus vertigineuses. Je pense en particulier à celle qui part du col de Sainte-Lucie au nord et qui passe successivement par les villages de Barrettali, Conchiglio et Canari avant de reprendre la route « normale » à la pointe de Canelle. Nous nous sommes faits des montées d’adrénaline mémorables dans ce secteur, en dépit d’une vue superbe qui vaut, à elle seule, d’avoir osé l’aventure… ;-).

Sinon, depuis la route principale, la tentation est forte de descendre dans les « marines » en bord de mer, d’autant plus que certaines sont réputées pour leurs « restaurants poissons ». Là aussi il faut emprunter des routes très tortueuses, à flanc de montagne mais, arrivés au bout, on ne regrette pas. Je pense plus particulièrement à la marine de Centuri mais aussi au village de Cannelle tout proche pour lequel on se demande parfois comment on va bien pouvoir en remonter mais où il est finalement très agréable de se promener dans ses ruelles étroites avec, à tout instant entre deux maisons, des points de vue  superbes sur la baie de Centuri  et son petit port de pêcheurs de langoustes. Tout au bout du village la récompense est une fontaine d’eau fraîche creusée dans la paroi de la montagne.

           

 

 

 

 

 

A propos de cette partie du Cap, le belvédère Mattei, cité précédemment, permet d’embrasser l’ensemble du site à 300 m d’altitude (voir le panoramique ci-dessous).

On continuera ainsi vers le sud pour rejoindre la plaine de Patrimonio et rejoindre, soit Bastia par le col de Teghime, soit vers l’ouest la Balagne par Saint-Florent et le désert des Agriates. Sur le chemin on retiendra le village de Nonza, assez fréquenté et célèbre pour sa tour Génoise très particulière, mais également pour sa plage de galets gris-vert. Ceci résulte d’une exploitation d’amiante qui s’est pratiquée ici depuis les années 30 jusqu’à la fin des années 60 :-(. Certains prétendent que cela est sans danger maintenant, d’autres sont nettement plus sceptiques. Quelques téméraires descendent jusqu’à la plage pour y écrire des messages avec des galets blancs.

Pour terminer, jetons un dernier regard vers le massif du Cap Corse au coucher du soleil depuis les premiers contreforts du désert des Agriates qui surplombent le golfe de Saint-Florent.

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Voilà… Nous avons donc fait le tour mais il y aurait certainement encore bien plus à dire. Toutefois, ceci n’étant pas un guide touristique mais plus modestement une petite chronique de retour d’expérience, je vous laisse, à votre tour, vous faire une idée par vous-même si l’envie vous prenait d’aller passer quelques jours en Corse, et pourquoi pas consacrer une journée ou deux à arpenter le Cap.

 

En complément, je vous laisse consulter deux autres albums photos respectivement  consacrés :

A bientôt pour un autre billet consacré à la Balagne ainsi qu’à Calvi et l’Île-Rousse.

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2 Responses to Carnet de voyage en Corse – Le Cap

  1. Antoine dit :

    Superbe, ça donne vraiment envie d’y aller !

  2. Belladone31 dit :

    Superbe coucher de soleil en avant-dernière photo avec la brume, on croirait presque un tableau!
    Cela me donne envie de retourner un de ces jours en Corse, pour vérifier si cela n’a pas trop changé depuis 1980 (oh là là, plus de 30 ans déjà!).
    Mais pour l’instant je vais mettre le cap vers les côtes et paysages d’Irlande.

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