Läckberg, Minier, Bussi, Coben nouvelles notes de lecture

Après mes premières notes de lecture de l’été dernier, je reviens vers vous, fidèles internautes et mordus de lecture. 😀

Ainsi donc, au menu de mes lectures de ces 6 derniers mois, à nouveau un roman de Bernard Minier, également un autre de Michel Bussi et, pour la première fois, un roman d’Harlan Coben que je ne connaissais jusque-là que par le film « Ne le dit à personne » tiré de l’un de ses livres.

Mais ma grande découverte de cet hiver passé aura été la romancière suédoise Camilla Läckberg dont j’ai déjà « dévoré » bon nombre de ses bouquins.

    • Nuit de Bernard Minier. Une technicienne d’une base pétrolière off-shore, en pleine mer du nord, vient d’être assassinée. L’inspectrice norvégienne Kirsten Nigaard est chargée de l’affaire et se rend sur les lieux. Parmi les personnels de la base, un agent reste introuvable. En fouillant sa cabine, Kirsten trouve la photo d’un enfant, avec au dos le prénom « Gustav », ainsi que d’autres clichés pris à Toulouse sur lesquels une personne semble avoir été épiée. Il s’agit en fait de Martin Servaz, le policier français qui a consacré une grande partie de sa carrière à traquer Julian Hirtmann, un redoutable tueur psychopathe, lequel semble être justement celui qui manque à l’appel sur la base pétrolière. Ainsi Kirsten Nigaard va faire ses valises pour rejoindre Toulouse et retrouver Servaz avec lequel elle va entreprendre une nouvelle traque de Hirtmann. Ce quatrième volet de la saga du commandant Servaz fait donc suite à « Glacé », « Le Cercle », et « N’éteint pas la lumière ». On y retrouve plus ou moins les mêmes personnages et il est préférable d’avoir lu les trois romans précédents pour bien comprendre les itinéraires tortueux de l’intrigue. Autant je m’étais laissé facilement emporter dans les histoires précédentes, autant j’ai été déçu par ce quatrième opus dans lequel Bernard Minier a un peu « forcé la dose » pour nous livrer une intrigue encore plus « tordue » et encore moins crédible que les précédentes. Peut-être s’agit-il d’une certaine lassitude de ma part, mais j’ai trouvé que ce nouveau roman manque de souffle et qu’il est d’une certaine façon un peu bâclé, comme si l’auteur cherchait périodiquement à « retomber sur ses pattes » en imaginant des rebondissements ou des issues totalement improbables. En particulier, le face à face Servaz-Hirtmann perd ici beaucoup de sa consistance. En conclusion, on dira que ce roman n’est pas totalement inintéressant mais qu’il n’est pas à la hauteur des précédents. Je persiste à penser que le meilleur de l’oeuvre de Minier est « Une putain d’histoire » dont j’ai parlé dans ma précédente chronique.
    • N’oublier jamais de Michel Bussi. Jamal est éducateur dans un centre psycho-thérapeutique. Par ailleurs athlète handisport amateur il a un rêve consistant à réaliser un jour un célèbre trail dans le massif du Mont-Blanc. Profitant d’une semaine de congés, il s’installe à Yport où il compte s’entraîner sur les reliefs torturés des grandes falaises de la côte normande. Lors de l’une de ses sorties, il trouve une écharpe rouge accrochée à un arbuste et, non loin, une très belle jeune femme désespérée qui semble vouloir se jeter du haut de la falaise. Jamal s’approche d’elle et tente de l’en dissuader. Tandis qu’il lui tend l’écharpe afin qu’elle s’y accroche, elle disparaît dans le vide et il la retrouve quelques minutes plus tard, morte sur les galets de la plage avec l’écharpe enroulée autour du cou. Deux personnages sont, avec lui, témoins du drame dont une vieille dame avec son chien et un homme triste et taciturne. L’enquête commence et Jamal est rapidement suspecté d’avoir poussé la jeune femme dans le vide car son ADN se trouve sur l’écharpe. Conjointement il reçoit régulièrement des enveloppes contenant des documents relatifs à d’anciennes morts suspectes dans la région présentant des similitudes avec cette nouvelle affaire. C’est ainsi que Jamal va se trouver pris dans une spirale infernale où il va multiplier les maladresses et, par voie de conséquence, avoir de plus en plus de mal à se disculper d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Des quelques livres de Bussi que j’ai pu lire, dont l’excellent « Nymphéas noirs » celui-ci m’a tenu en haleine de bout en bout. Je me suis laissé « mener par le bout du nez » jusqu’à la fin sans jamais flairer quoi que ce soit qui me fasse imaginer la chute. C’est un thriller très bien mené avec une atmosphère parfois teintée de fantastique au point que l’on se demande parfois si tout ceci ne pourrait pas n’être qu’un mauvais rêve.
  • Tu me manquesTu me manques de Harlan Coben. Kat Donovan est officier de police à New-York. Sous ses aspects décontractés et un tantinet cynique, Kat est obsédée d’une part par l’assassinat de son père (lui-même flic au NYPD) il y a huit ans et dont elle cherche à comprendre qui l’a réellement tué, et d’autre part par la fuite inexpliquée, à la même époque, de son fiancé Jeff dont elle a totalement perdu la trace. Célibataire, Kat finit par céder à sa meilleure amie qui lui a ouvert un compte sur un site internet de rencontres. C’est ainsi que, par hasard, elle croise le profil d’un homme qui pourrait bien être Jeff. Elle tente alors de prendre contact mais se heurte à une sorte de fin de recevoir assez fraîche qui l’amène à se demander qui est réellement le correspondant. Conjointement, un tout jeune homme se rend  au commissariat et demande avec insistance à rencontrer Kat. Il lui explique que sa mère a disparu de manière inexpliquée. Par ailleurs il lui avoue que, un peu hacker à ses moments, il a piraté son compte sur le réseau de rencontres en évoquant Jeff et en lui instillant encore plus le doute. Après avoir rendu visite à l’assassin présumé de son père lequel est mourant en prison, ce dernier lui laisse comprendre qu’il ne l’a pas tué mais qu’il a couvert quelqu’un d’autre. D’autre part, l’étonnante rencontre virtuelle avec son ex-fiancé continue à l’obséder. Ainsi, peu motivée par l’histoire du jeune homme, elle finit malgré tout par s’y intéresser et ceci d’autant plus que d’autres disparitions similaires sont signalées et toujours associées à des transactions d’argent curieuses. La suite sera une quête frénétique de Kat selon ces trois axes d’investigation avec une plongée à la fois dans un passé trouble que dans une réalité effroyable. A l’image de ce laborieux synopsis que j’ai tenté de faire, voici un polar d’une grande confusion, trop d’affaires se juxtaposent sans avoir vraiment de liens entre elles et les invraisemblances ne manquent pas. Si j’ai tenu jusqu’au bout c’est bien parce que j’espérais que les choses prendraient consistance mais au bout du compte j’ai eu envie de dire… Bof ! tout ça pour ça ! Ceci étant, n’ayant rien lu d’autre d’Harlan Coben, je ne peux pas dire si ce roman est pire ou meilleur que les autres mais en tout cas il ne me donne pas envie d’aller plus loin avec cet auteur.

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Comme je l’évoquais au début de cet article, je me propose maintenant de vous parler d’une romancière suédoise dénommée Camilla Läckberg, laquelle est en fait très connue mais que, pour ma part, je ne viens que de découvrir. Il n’est jamais trop tard pour bien faire… 😉

Cette jeune femme originaire de la côte ouest de la Suède se destinait initialement à l’économie avant de s’investir totalement dans l’écriture de romans policiers, de livres pour enfants et même de livres de cuisine.

Vous saurez tout sur cette auteure en consultant la page Wikipedia qui lui est consacrée ou encore son site personnel. Ceci étant, Camilla Läckberg est par ailleurs très largement présente sur les réseaux sociaux et parfois l’objet d’articles dans la presse people…

Pour en revenir à ses romans policiers, ceux-ci sont organisés en une suite qui fait qu’il est préférable de les aborder dans l’ordre, même si chaque histoire est indépendante des autres. En effet, certaines situations font parfois allusion à une affaire antérieure et il en est de même pour ce qui est de la vie ordinaire des personnages récurrents.

Les romans de Camilla Läckberg sont construits selon trois axes caractéristiques.

    • Tout d’abord l’unité de lieu du fait que chaque histoire se situe dans la petite localité de Fjällbacka qui se situe sur la côte ouest de la Suède, face au Danemark et tout près de frontière Norvégienne vers le nord. Il s’agit d’un petit port de pêche aux maisons colorées qui est devenu un lieu prisé des touristes. Camilla Läckberg est native de Fjällbacka.
    • Ensuite, comme beaucoup d’auteurs de ce type de littérature, chaque histoire met en jeu un certain nombre de personnages récurrents dont on suit par la même occasion les histoires personnelles en parallèle avec les enquêtes qu’ils mènent (1). Ici il s’agit d’Erica Falck, une dynamique écrivaine curieuse et fouineuse, et de son compagnon Patrik Hedström numéro 2 du commissariat du chef-lieu. Les autres personnages que l’on retrouve régulièrement sont, d’une part les membres de leur famille et leurs amis, et d’autre part les agents du commissariat.
  • Enfin, s’agissant des intrigues elles-mêmes, initiées en général par un drame ou une mort violente, elles font quasi systématiquement référence à un autre drame qui s’est déroulé dans un passé plus ou moins lointain et qui n’a jamais été élucidé.

Image associéeA ce jour, l’oeuvre policière de Camilla Läckberg est constituée de 10 livres (2) dont tous ont été traduits en français et publiés dans la collection « Actes Noirs » chez l’éditeur Acte sud (3). Par ailleurs, trois de ces livres (pour l’instant) ont été transposés en bandes dessinées chez Casterman. Enfin, la télévision suédoise a réalisé une série intitulée « Les enquêtes d’Erica », laquelle a été diffusée sur France-3 en 2013.

Les intrigues proposées dans chaque bouquin sont plutôt bien ficelées et attractives. Certaines plus que d’autres certes, mais d’une manière générale tout ceci est bien pensé et on accroche assez facilement dès le début, d’autant plus que l’écriture est agréable, dynamique et pas alambiqué pour un sou. D’autre part, les retours périodiques dans le passé contribuent largement à soutenir le fil rouge de l’intrigue.

Sauf cas particuliers les enquêtes sont menées par Patrik Hedström et son équipe mais sa compagne Erica ne peut s’empêcher d’y mettre son grain de sel et de fouiner de son côté sachant que, en tant qu’écrivaine, elle se consacre presque exclusivement à l’histoire de la localité et aux affaires non élucidées qui s’y sont déroulées.

Ceci étant, j’ai personnellement fini par me lasser un petit peu des passages de description des petits faits de la vie quotidienne des personnages récurrents. Si ceci est pourtant fait avec humour et une certaine pertinence, au bout de la lecture de 4 ou 5 bouquins cela s’essouffle parfois, devient plus ou moins prévisible et finit par nuire un peu à la cohérence globale.

Bien que n’ayant pas encore lu tous les livres de la collection, j’ai eu un coup de cœur pour trois d’entre-eux dont les titres sont « Le tailleur de pierres », « L’enfant allemand » et « Le prédicateur ».

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Pour terminer, deux informations à propos de récentes parutions :

    • Tout d’abord, Bernard Minier vient de publier son 6ème roman. Celui-ci s’intitule « Soeurs » et on y retrouvera l’incontournable commandant Servaz dans deux nouvelles enquêtes mais à deux époques de la carrière, l’une en 1993 alors qu’il début à la PJ de Toulouse et l’autre en 2018. En savoir plus.
  • De même, Joël Dicker vient aussi de sortir un nouveau roman intitulé « La disparition de Stéphanie Mailer ». Même si le contexte ressemble un peu à celui de « l’affaire Harry Quebert« , il n’y a a priori aucun lien entre les deux.

Notes :

(1) C’est le cas par exemple des romans de Bernard Minier que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer, y compris dans cet article.

(2) Liste chronologique des livres de Camilla Läckberg dans la série Erica Falck et Patrik Hedström :

  • La princesse des glaces
  • Le prédicateur
  • Le tailleur de pierre
  • L’oiseau de mauvaise augure
  • L’enfant allemand
  • La sirène
  • Le gardien du phare
  • La faiseuse d’anges
  • Le dompteur de lions
  • La sorcière

(3) Il s’agit du même éditeur qui a publié les volumes de la célèbre saga Millenium. Par ailleurs, à ce jour, 8 volumes sont disponibles en format poche dans la collection « Babel noir », toujours chez Acte Sud.

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