Voici une rentrée Ciné-TV qui est plutôt correcte. 🙂
En effet, sur sept films, quatre décrochent un 4/5, voire un 5/5 pour deux d’entre-eux. Concernant les 3 autres, un seul a été jugé très mauvais, les deux autres s’étant « laisser regarder », sans plus.
Pour mémoire, les chroniques des mois précédents, ainsi que le récapitulatif 2012, sont consultables en suivant ce lien.
La signalétique, sur une échelle de 1 à 5, soit du meilleur au pire :
- Le premier jour du reste de ta vie. :-). Marie et Robert vivent un petit chamboulement familial avec le départ de leur fils aîné, Albert, étudiant en médecine qui « prend un appart » en ville. De son côté le cadet, Raphaël, vient d’avoir son bac, va entrer à la fac mais ne sait pas encore trop ce qu’il va y faire. Enfin la petite dernière, Fleur, vit sa vie de petite fille entre Papa-Maman et deux grands frères qu’elle vénère. Le décor est planté, Robert est chauffeur de taxi, plutôt « cool ». Marie est souvent stressée et protectrice pour sa petite « couvée ». On peut ajouter en prime un Papy un peu ronchon et voilà. Autrement dit c’est la chronique douce-amère d’une famille dans laquelle on se retrouve sans peine. Le tout est décliné en cinq tableaux correspondant à cinq jours décisifs dans la vie de cette famille, cinq jours plus importants que d’autres où rien ne sera pareil le lendemain. Ce film est d’une fraîcheur et d’une vérité remarquables. Les acteurs sont tellement dans leurs rôles respectifs qu’on se demande parfois si c’est vraiment du cinéma. On pourrait croire que, si cela n’est qu’une chronique de la vie ordinaire, on risque de s’ennuyer. Eh bien pas du tout en réalité car, au travers de ces 5 personnages, c’est toute le sens de la vie qui nous explose à la figure avec ses moments joyeux, ceux qui le sont moins, etc. Un pur bonheur que ce film de Rémi Bezançon servi en plus par une brochette d’acteurs épatants (Jacques Gamblin, Zabou Breitman, Pio Marmaï, Jacques-André Grondin, Deborah François, Roger Dumas, etc.). Il est seulement dommage que 2 ou 3 scènes décalées et sans intérêt se soient glissées dans ce film, comme si Bezançon avait voulu faire plaisir à des potes (Lellouche et Demaison) en leur offrant un petit rôle, comme ça, pour faire leur numéro (Ceci explique que je n’ai pas attribué 5/5). Plus d’information sur Allociné.
- Un conte de Noël. :-D. Abel et Junon forment un couple d’âge mûr. Ils ont eu 4 enfants dont seuls les 3 derniers sont en vie. En effet l’aîné est décédé à l’âge de 6 ans d’une maladie génétique qui aurait nécessité une greffe mais, ni sa sœur Elisabeth, ni Abel, ni Junon n’étaient compatibles. Ils firent alors un 3ème enfant, Henri, qui ne fut pas plus compatible. Un petit dernier, Ivan, a complété la fratrie. Elisabeth est devenue une jeune femme mélancolique et culpabilise encore de ne pas avoir pu contribuer à sauver son frère aîné. Pour sa part, Henri, qui a été « fait » dans ce but précis, ne s’est jamais vraiment remis de la mort prématurée de son épouse. Il même une vie plutôt chaotique et il est devenu plus ou moins le paria de la famille, rejeté par sa sœur et mal aimé par sa mère. Enfin Ivan est un garçon plutôt optimiste, assez détaché des drames internes de la famille, et prêt à raccommoder les morceaux. Tout ce petit monde va se retrouver à l’occasion des fêtes de Noël, marquées par l’annonce de Junon qui est à son tout atteinte d’une maladie génétique qui va également nécessiter une greffe de moelle. Reste à trouver qui va être compatible parmi les enfants et les petits enfants ? De cette situation initiale assez peu engageante, va s’ensuivre un huis-clos à la fois jubilatoire et pathétique pendant lequel chacun va se retourner sur le passé, où les masques vont tomber et où les vérités, pas toujours bonnes à dire, vont se faire jour. Chacun des personnages va faire paraître ses angoisses, ses fêlures, son mal être, ses regrets, etc. Avec ce film, Arnaud Desplechin nous scotche littéralement. Comme avec certains films d’Almodovar on en ressort sonné, ne sachant pas trop qu’en penser, puis petit à petit on ne cesse d’y réfléchir et on finit par crier au chef d’oeuvre…! Le tout est soutenu par une troupe d’acteurs brillants (Deneuve, Roussillon, Amalric, Consigny, Poupaud, Devos, Mastroianni, Girardot, etc.) avec une mention particulière pour Mathieu Amalric qui campe superbement le personnage attachant d’Henri. Pour moi c’est la première découverte de Desplechin mais cela me donne envie d’aller plus loin avec ce réalisateur, et en particulier de voir le célèbre Rois & Reine qui bénéficie d’une excellente critique. Plus d’information sur Allociné.
- Pour elle. :-(. Lisa et Julien forment un couple a priori sans histoire. Un matin, la police fait irruption dans l’appartement pour arrêter Lisa. Celle-ci est suspectée d’avoir sauvagement assassiné sa patronne dans un parking souterrain. On retrouve en effet du sang de la victime sur son imperméable, des témoins l’ont vu à proximité du lieu du crime, etc. Bref, en dépit de ses dénégations, tout converge pour condamner Lisa à 20 ans de prison. Après l’échec en cassation, Julien prend la décision de faire évader son épouse. Pour cela il va prendre différents contacts dans des milieux assez peu recommandables et élaborer minutieusement un plan d’évasion. Sur la base de cette histoire, Fred Cavayé aurait pu construire quelque-chose d’intéressant. Au lieu de cela il a complètement bâclé le travail. C’est un véritable tissu d’invraisemblances, parfois grossières. On ne croit pas une seule seconde à cette histoire. Du côté des interprètes, Vincent Lindon n’est pas très convaincant et, pour sa part, Diane Kruger fait tout juste le « minimum syndical ». En bref, ce n’est pas la peine de se gâcher la soirée avec ce film. Plus d’information sur Allociné.
- A perdre la raison. :-). Mounir vit confortablement chez le Docteur André Pinguet lequel l’a, en quelque sorte, « adopté ». Lorsqu’il rencontre Murielle et qu’ils décident de se marier, c’est tout naturellement que André leur propose d’habiter chez lui. Un enfant arrive assez rapidement, puis deux, puis trois. Pour sa part, André continuer à dispenser les moyens matériels pour faire vivre la petite famille. Il fait par ailleurs preuve de beaucoup de sollicitude, même si parfois la promiscuité engendre des tensions. Murielle commence à se sentir de plus en plus mal à l’aise et propose de partir au Maroc, près de la famille d’origine de Mounir. Là-bas elle se sentirait bien auprès d’une belle-mère pour qui elle a beaucoup d’affection. André le prend mal et, pour ne pas le contrarier, Mounir accepte qu’il achète pour eux une vaste maison dans laquelle ils seront tous plus à l’aise, mais où André deviendra locataire. Tout ceci ne va pas améliorer le mal être de Murielle laquelle sombre petit à petit dans une mélancolie chronique. Ce film est d’une extraordinaire puissance, il nous fait plonger petit à petit, avec effroi, dans le mal-être de cette jeune femme prise en étau entre ses trois enfants, un mari certes gentil mais peu à l’écoute et un brin macho, mais surtout un « beau-père » qui lui impose de manière insidieuse son mode de vie et lui enlève toute liberté de se construire et de penser. Il faut absolument voir ce film mais en sachant que vous n’en sortirez pas totalement indemne. Le réalisateur est Joachim Lafosse que je ne connaissais pas jusqu’à aujourd’hui. Niels Arestrup et Tahar Rahim sont impeccables dans les rôles respectifs d’André et de Mounir mais c’est surtout Emilie Dequenne qui crève l’écran et qui nous émeut profondément. Plus d’information sur Allociné.
- Le guetteur. :-x. Le commissaire Mattéi (Daniel Auteuil) traque une bande de redoutables braqueurs de banque et s’apprête à les prendre sur le fait. Hélas, un tireur d’élite planqué sur les toits fait un carton sur les policiers, permettant à la bande de s’enfuir mais avec un blessé grave parmi eux. Tandis qu’ils s’égaient dans la nature, après avoir confié le blessé à un médecin bizarre (Olivier Gourmet), Mattéi lance une grande chasse à l’homme et finit par arrêter le sniper, un dénommé Kaminski (Mathieu Kassovitz). Ce dernier fait appel à son avocate, laquelle finit par se faire assassiner sauvagement. Mattéi essaie de faire craquer Kaminski en lui laissant entendre qu’il se fait doubler par ses anciens complices. Ce film s’appuie sur un scénario abracadabrant qui part dans tous les sens et dans la confusion la plus totale. Par ailleurs, les scènes ultra violentes s’enchaînent sans répit, on ne passe pas 5 minutes sans qu’il y ait un nouveau cadavre. Pour leur part, Auteuil, Gourmet et Kassovitz qui sont censés soutenir le film ne sont pas crédibles une seule seconde. Bref, c’est à fuir… Plus d’information sur Allociné.
- Dans ses yeux. :-D. Nous sommes à Buenos Aires à l’aube des années 2000. Benjamin Esposito, ancien officier de justice à la retraite, décide d’écrire un livre centré sur un meurtre perpétré 25 ans plus tôt dans l’Argentine des années troubles de la dictature militaire. Une jeune femme avait été violée et sauvagement assassinée mais la police a eu tôt fait de faire boucler l’affaire après avoir tenté vainement d’en faire porter la responsabilité sur deux innocents. Benjamin, avec l’aide de son collègue de bureau, du mari de la victime et avec le soutien d’Irène, sa supérieure hiérarchique, n’a eu de cesse de rechercher le meurtrier. Ils finissent par le localiser et par le faire arrêter puis condamner. Hélas, l’individu se montrant coopératif avec le pouvoir de la junte militaire au pouvoir, il est relâché. Entre temps le collègue de Benjamin est assassiné par erreur à sa place. Il est donc amené à quitter la ville pour se mettre à l’abri. Obsédé par cette affaire, Benjamin Esposito reprend contact avec Irène pour laquelle il nourrissait une tendre affection à l’époque des faits. Cette dernière, devenue procureur entre temps, n’a pas trop envie de se replonger dans cette affaire mais ne manque pas d’être troublée par le retour de cet ancien amoureux platonique. Ces deux là se ré-apprivoisent peu à peu et ils vont reprendre discrètement le dossier afin d’en retrouver les différents protagonistes. Ce superbe film, mêle habilement affaire policière, contexte historico-politique et belle histoire d’amour. Il méritait amplement l’Oscar du meilleur film étranger qui lui a été décerné en 2010. On se laisse captiver par cette double quête menée par le personnage principal, entre recherche de la vérité et regret d’être passé à côté d’un grand amour. Tout ceci est filmé avec une grande justesse et soutenu par deux acteurs plein de charme, de finesse et de sensibilité. Plus d’information sur Allociné.
- Le Capital. :-|. Jack Marmande, Président de la banque multinationale « Phénix » est gravement malade. Se pose alors la question : « Qui va le remplacer ? ». Les candidats sont nombreux parmi les membres du directoire mais Marmande impose son bras droit, le jeune Marc Tourneuil, que tout le monde, y compris Marmande, pense n’être qu’un président de transition que l’on va pouvoir manipuler comme on veut. Les choses ne se passent pas vraiment ainsi et Tourneuil mène une politique tout à fait différente de celle que menait jusque-là Marmande et son équipe. Il se lance dans un bras de fer avec une banque Américaine qui cherche à acquérir « Phénix » tout en leur donnant des gages en se lançant dans une vaste opération de licenciements à tous les niveaux, y compris dans son entourage immédiat. Quand on voit le nom de Costa-Gavras à l’affiche sur un sujet aussi actuel, complexe, et polémique, que la haute finance et ses dérives, on ne peut que se dire : « il faut absolument voir ceci ! ». En effet, il faut le voir mais il ne faut pas s’attendre à du « grand Costa » comme on a pu en voir dans le passé. Au final c’est quand même un peu décevant. Certes le sujet est bien traité mais d’une manière un peu trop compassée. bien sûr nous ne connaissons pas forcément ce milieu de la finance, nous imaginons que ce n’est pas le « monde des Bisounours », mais on se sent obligé d’y croire, même si le film revêt des aspects assez caricaturaux. En particulier, certaines séquences me paraissent inutiles ou outrancières, frisant un peu trop le style « James-Bond » (high tech à tous les étages, drague de mannequin, soutier de l’information, etc…). Reste tout de même certains dialogues bien ficelés (lors du déjeuner familial par exemple). Pour sa part, la distribution est plutôt bonne mais, personnellement, je ne trouve pas Gad Elmaleh très convaincant dans le rôle principal, en dépit de critiques à cet égard plutôt favorables. Pour les autres acteurs, l’ensemble est plutôt bon mais sans plus. Plus d’information sur Allociné.