Avec cette année qui commence, c’est pour moi l’occasion de vous proposer de nouvelles notes de lectures.
Cette fois-ci il s’agit de deux romans que j’ai lu ces derniers temps et qui présentent, à mon avis, quelques similitudes thématiques tout en conservant chacun leur originalité. Ainsi, dans les deux cas, nous allons suivre deux personnages pour qui la frontière entre le rêve (ou l’imagination) et la réalité est difficile à déterminer.
Ces deux romans de Franck Thilliez et d’A.J. Finn sortent tout à fait de l’ordinaire et je vous les recommande vivement.
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- Rêver de Franck Thilliez. Abigaël est psychologue et travaille régulièrement comme expert auprès de la gendarmerie pour certaines enquêtes afin de mieux cerner les personnalités des personnes suspectées. Actuellement elle intervient dans une dramatique affaire d’enlèvements d’enfants par un psychopathe qui nargue les enquêteurs en laissant ici où là des indices macabres. Mais Abigaël souffre par ailleurs de narcolepsie, une maladie peu commune et très invalidante qui fait qu’elle peut, plusieurs fois par jour, s’endormir brutalement sans prévenir. De ce fait, il lui est souvent très difficile de déterminer si ce qu’elle vient de vivre est bien réel ou n’est seulement que la réminiscence d’un rêve qu’elle a fait lors d’une crise.
Ancien flic en retraite, le père d’Abigaël lui propose un jour de partir avec elle et sa fille pour passer un moment en famille. Sur la route, en pleine nuit et dans des conditions météo difficiles, c’est l’accident dont seule Abigaël sort quasiment indemne tandis que son père et sa fille sont tués et horriblement amochés. Très affectée par la disparition de ces deux êtres qu’elle aimait tant, Abigaël n’arrive pas à admettre cette vérité et va tenter de remonter le temps et de disséquer un à un tous les petits anachronismes qu’elle détecte peu à peu. Son entourage tente en vain de l’en dissuader en lui montrant, preuves irréfutables à l’appui, qu’elle fait fausse route et que sa narcolepsie l’amène en fait à prendre pour réalité des faits qu’elle a visiblement échafaudés dans ses rêves. De plus en plus perturbée, Abigaël en arrive à se mutiler par des scarifications ou des brûlures pour déterminer si elle a vraiment rêvé ou non.
Ce thriller de Franck Thilliez est d’une puissance incroyable et va vous tenir en haleine d’un bout à l’autre. Par ailleurs, ce gros pavé de 600 pages a été construit selon une architecture des chapitres tout à fait originale et déroutante qui contribue largement à brouiller les pistes et à embobiner le lecteur par la même occasion. Il n’empêche que tout ceci est parfaitement bien écrit et se lit tout seul.
Vraiment, si vous cherchez un bon livre pour entamer cette nouvelle année en beauté, ce Thilliez vaut largement le détour. Pour vous faire une idée encore plus précise, je vous recommande de lire l’article qui lui est consacré dans Babelio ainsi que les commentaires associés des internautes.
A noter enfin que, cerise sur le gâteau, Franck Thilliez a volontairement oublié un chapitre et il vous invite à le découvrir sur internet avec des clefs de lecture qui pourraient bien vous amener à relire le tout selon un autre cheminement et vous amener ainsi à considérer cette histoire sous un angle de vue un peu différent. C’est futé et très original.
- Rêver de Franck Thilliez. Abigaël est psychologue et travaille régulièrement comme expert auprès de la gendarmerie pour certaines enquêtes afin de mieux cerner les personnalités des personnes suspectées. Actuellement elle intervient dans une dramatique affaire d’enlèvements d’enfants par un psychopathe qui nargue les enquêteurs en laissant ici où là des indices macabres. Mais Abigaël souffre par ailleurs de narcolepsie, une maladie peu commune et très invalidante qui fait qu’elle peut, plusieurs fois par jour, s’endormir brutalement sans prévenir. De ce fait, il lui est souvent très difficile de déterminer si ce qu’elle vient de vivre est bien réel ou n’est seulement que la réminiscence d’un rêve qu’elle a fait lors d’une crise.
- La femme à la fenêtre de A.J. Finn. Anna Fox était pédopsychiatre jusqu’à ce qu’elle sombre dans une agoraphobie sévère qui l’empêche désormais de sortir de chez elle pour ne pas succomber à des crises de panique. Séparée de son mari et de sa fille, elle passe ses journées seule dans son vaste appartement de Brooklyn dont elle loue l’entresol à un étudiant. En dehors des visites de son médecin ou de sa kinésithérapeute, ainsi que de quelques conversations téléphoniques avec sa fille ou son ex mari, les occupations d’Anna se réduisent à regarder de vieux films en noir et blanc, à jouer aux échecs sur internet ou encore à surfer sur des forums où elle dialogue avec d’autres personnes atteintes de la même pathologie, le tout copieusement accompagné de verres de Merlot et de neuroleptiques, cocktail fatal qui fait qu’elle est le plus souvent « entre deux eaux ».
Mais Anna passe également beaucoup de temps à observer ses voisins et plus particulièrement la famille Russel qui vient d’emménager récemment dans l’immeuble d’en face. Un jour elle est témoin d’un meurtre. Madame Russell vient en effet de se faire assassiner d’un coup de couteau. Après de longues hésitations, Anna alerte la police mais… Faut-il la croire ? Son état psychique, les médicaments et l’alcool ne lui ont-t-il pas joué des tours ? N’a-t-elle pas imaginé une vérité qui n’en est pas une ?
Voici un roman construit comme un véritable huis-clos oppressant dont l’unique protagoniste est Anna Fox avec ses démons, ses obsessions, ses non-dits, son imagination, sa peur, ses terreurs mais peut-être aussi sa part de vérité.
En dépit de quelques longueurs dans la première partie, on finit par se laisser happer sans ménagement par cette histoire étrange et ses rebondissements, jusqu’à un final inattendu. On ressort complètement lessivé de la lecture de ce roman et c’est là qu’on se dit que, finalement, les lenteurs du début prennent tout leur sens.
A l’instar du roman précédent de Thilliez, il faut que vous lisiez ce bouquin qui a le mérite de l’originalité et de ne pas se caler dans les schémas parfois un peu trop prévisibles des thrillers populaires. Je vous recommande également de lire l’article qui lui est consacré dans Babelio ainsi que les commentaires associés des internautes.
A.J. Finn est en fait le pseudonyme sous lequel à été publié ce bouquin. L’auteur s’appelle en réalité Daniel Mallory, il est journaliste et « la femme à la fenêtre » est son premier roman. Une adaptation cinématographique serait semble-t-il en cours.