En Haute-Loire, à deux pas de l’autoroute A75 et à 75 km au sud de Clermont-Ferrand, se situe le village de Blesle, lequel fait partie de ce qu’il est convenu d’appeler « L’un des plus beaux villages de France » et qui, à ce titre, est référencé dans de nombreux guides touristiques. Il a été par ailleurs largement popularisé par l’acteur Gérard Klein qui s’y est installé depuis de nombreuses années maintenant.
Si je vous recommande vivement d’aller visiter ce superbe village, il n’est en revanche pas nécessaire que je vous en fasse une longue description dans la mesure où tout ceci est parfaitement bien dit dans de nombreux ouvrages et dans plusieurs sites internet (1).
En revanche, je vous propose un petit complément de balade, qui n’est certes pas aussi populaire, mais qui vaut tout de même le détour si vous avez une petite heure devant vous, d’autant plus que le lieu en question se trouve à seulement 9 kilomètres à l’ouest de Blesle.
Il s’agit en effet du hameau de Leyvaux qui se situe dans une quasi-enclave Cantalienne, entre le département du Puy de Dôme à l’ouest et celui de la Haute Loire à l’est. A partir de Blesle, on y accède en empruntant successivement les chemins départementaux n° 83 et 109.
A environ 700 m d’altitude, entouré de crêtes qui culminent à 800 ou 900 m, Leyvaux est niché au creux de son étroite vallée aux flancs tantôt arides et propices aux troupeaux de chèvres ou de moutons, tantôt boisés de taillis denses.
La route étroite qui serpente au fond de la vallée ne va pas plus loin (2). Au-delà, c’est à pied qu’il faut continuer par les sentiers qui montent, jusqu’à 1000 m d’altitude, vers le plateau du Cézallier et le bourg d’Anzat le Luguet et son pic qui culmine à un peu plus de 1500 m.
Ce village, autrefois peuplé d’au moins une dizaine de familles, n’en comportait plus que 4 ou 5 vers la fin des années 50, puis de seulement 1 ou 2 au début des années 2000, jusqu’à aujourd’hui où pratiquement plus personne n’y habite de manière pérenne (3).
Malgré tout, périodiquement, le hameau revit à l’occasion des périodes de vacances avec l’arrivée de fervents de calme et de nature, lesquels y ont acheté et restauré des maisons de détente. L’endroit est également un lieu de passage pour les randonneurs.
En dehors de ces présences occasionnelles, le site est remarquable par son aspect sauvage où le végétal implacable se dispute l’espace avec le minéral austère des maisons en ruines qui sont les seuls témoins de l’âme de cette vallée autrefois active, à défaut d’être prospère.
La pierre y est schisteuse avec des reflets mordorés selon l’éclairage. Il en est de même des toits de lauzes ou de ce qu’il en reste avec leurs teintes gris-vert. S’agissant du végétal, celui-ci est en grande partie constitué d’arbres et d’arbustes à feuilles caduques qui font exploser leurs couleurs en automne. C’est un vrai paradis pour les photographes à la recherche d’éclairages originaux.
Il est probable par ailleurs que le lieu soit très peu pollué. En particulier, j’y ai toujours rencontré des papillons que je n’ai vus nulle part ailleurs. Nombreux sont les arbres ou arbustes fruitiers redevenus sauvages (pommes, poires, coings, fruits rouges, etc.) qui pourront le cas échéant vous compléter le pique-nique. Attention toutefois, un végétal sauvage associé à des éboulis de pierres sont propices aux serpents, lézards et autres petites bêtes pas forcément sympathiques.
Si tout ce que je viens de décrire mérite en effet le déplacement, ce qui est le plus remarquable dans le village de Leyvaux c’est son église romane primitive dont la partie principale remonte au Xème ou XIème siècle.
En très mauvais état, elle fût classée au patrimoine des monuments historiques en 1979, date à partir de laquelle des travaux de restauration ont été entrepris avec un axe directeur consistant à conserver l’esprit roman des origines. Entre autres, le linteau de la porte d’entrée est remarquable.
L’intérieur revêt la sobriété qui devait prévaloir à l’époque, loin des décorations fastueuses des églises baroques… !
Les décors en forme d’arrêtes de poisson du chœur (également visibles sur le pignon du côté du cimetière) permettent de dater l’édifice du XIème voire peut-être du Xème siècle.
Par la suite, entre le XVème et le XVIIIème siècle, des constructions ou des décorations complémentaires y ont été adjointes parmi lesquelles des chapelles latérales, une quatrième travée, une fresque intérieures sur l’arc du chœur et surtout un imposant mur clocher « à peignes » capable d’accueillir jusqu’à six cloches.
Des vitraux modernes d’une exquise sobriété ont été ajoutés en 1992. Ils correspondent parfaitement à cet esprit Roman du premier millénaire.
Bien qu’étant peu attiré par la religion et par tout ce qui peut l’incarner, j’avoue que cette église revêt pour moi une charge émotionnelle toute particulière par sa simplicité et l’esprit de sérénité qui s’en dégage.
Peut-être ne suis-je pas vraiment objectif car trop influencé par le fait que beaucoup de mes ancêtres reposent dans le petit cimetière (autour de cette croix très ancienne) qui jouxte ce modeste édifice ?
A vous de juger si, par hasard ou pas, vos pas vous mènent dans ce village oublié de Leyvaux.
Note : Si certaines illustrations vous intéressent, cliquez dessus pour les agrandir.
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(1) Pour n’en citer que deux, voyez l’incontournable fiche Wikipédia, ainsi que le site de l’Office du tourisme de Blesle. Sinon le guide Michelin n’est pas en reste, pas moins que les guides du Routard et autres publications à vocation touristique.
(2) Le sentier qui prolonge amène en un lieu-dit du « four de la mine » associé à l’existence en cet endroit d’une mine d’antimoine abandonnée, puis réactivée par l’occupant pendant la seconde guerre.
(3) De manière anecdotique, c’est à Leyvaux et dans ses environs que se trouve une grande partie de mes racines familiales. C’est également à Leyvaux que j’ai souvent passé mes vacances d’été chez mes grands parents.