Pour cette dernière chronique de l’année 2013 on trouvera un peu de tout parmi les sept films que j’ai pu voir.
Le bilan reste tout de même plutôt positif. En effet, si un seul a mérité la meilleure note de 5/5 (Inception), trois autres ont quand même décroché 4/5.
A bientôt pour un récapitulatif des chroniques de l’année 2013…!
Pour mémoire, les chroniques des mois précédents, ainsi que le récapitulatif 2012, sont consultables en suivant ce lien.
La signalétique, sur une échelle de 1 à 5, soit du meilleur au pire :
- Rue Mandar. 🙁 Charles, Rosemonde et Emma se retrouvent à l’occasion des funérailles de leur Mère, puis dans l’appartement où elle vivait, rue Mandar, et à propos duquel ils ont tous, à des degrés divers, des souvenirs et des anecdotes. L’aîné, Charles (Richard Berry) prend très au sérieux son rôle de « grand frère » dans cette fratrie de confession juive imprégnée de traditions. Rosemonde (Emmanuelle Devos) exerce le métier de psychiatre et elle est pour sa part plutôt stressée et fantasque. Enfin la petite dernière, Emma (Sandrine Kiberlain), est traductrice et vit en Israël. Son mode de vie un peu bohème tranche avec celui de sa sœur aînée, et surtout avec celui de son frère. Bref, les retrouvailles sont pittoresques, parfois houleuses, et en particulier lorsqu’il s’agit de décider de ce que va devenir le fameux appartement de la rue Mandar. Ce film, qui est visiblement une auto-biographie, n’est hélas rien de plus. La mayonnaise ne prend pas en dépit d’une belle brochette d’acteurs. Certes, certaines situations sont plaisantes, voire cocasses, mais cela n’est pas suffisant pour en faire un chef d’oeuvre dont on se souviendra, loin de là. Plus d’information sur Allociné.
- Dans la maison. 🙂 Germain est un professeur de Français plutôt désabusé. Il vit avec Jeanne qui tient une galerie d’art. Alors qu’il est occupé à corriger une série de copies (sans illusion sur la qualité qui va en ressortir) il tombe sur l’une d’entre-elles, plutôt étrange, qui s’avère être particulièrement brillante par rapport aux autres. Il s’agit de celle d’un garçon prénommé Claude qui raconte comment il s’est immiscé dans la maison d’un de ses camarades, et par là même dans la vie intime de cette famille. Sa description est d’une telle acuité et d’une telle maturité que Germain se prend à vouloir en savoir davantage sur cet élève mais aussi, par là-même, sur cette famille que Claude « déshabille » avec un cynisme qui fait froid dans le dos. Le professeur se prend alors au jeu, par curiosité d’une part vis à vis des talents littéraires de cet élève (qu’il va chercher à développer encore plus) mais également par une sorte de voyeurisme malsain au travers de la narration réalisée à propos de la famille du camarade de Claude. Ce dernier devient en effet de plus en plus précis, et sans concession, dans son analyse des personnages, mais ses sentiments vis à vis de la Mère de famille prennent par ailleurs une tournure ambiguë. Bien qu’il n’en possède pas les caractéristiques habituelles, ce film de François Ozon est bel et bien un véritable thriller psychologique qui met très rapidement mal à l’aise, jusqu’à un épilogue qui nous laisse sans voix. Le tout est soutenu par un Fabrice Luchini impeccable, (qui pour une fois, n’en fait pas trop) mais aussi et surtout par le jeune acteur Ernst Umhauer qui est parfaitement inquiétant dans sa démarche intrusive et perverse. Il y a du Hitchcock dans ce film, c’est indéniable. Plus d’information sur Allociné.
- Inception. 😀 Dom Cobb est spécialiste dans la pratique dite de l' »extraction » consistant à voler les secrets les plus cachés dans l’esprit d’individus et ceci pendant leur sommeil. Pour cela il est aidé par une petite équipe et une machine qui permet à un groupe de personnes de partager le même rêve que celui dont ils cherchent à récupérer les secrets. Alors qu’ils tentent cette opération sur Saïto pour lui dérober des secrets industriels, ce dernier s’en rend compte et fait un deal avec Cobb. Il lui demande de réaliser une « inception », c’est à dire l’opération inverse consistant à inoculer une idée dans l’esprit de l’héritier d’une grande entreprise concurrente, idée qui l’amènerait à détruire l’empire industriel de son Père. En échange, Saïto s’engage à ne pas dénoncer Cobb, lequel est recherché pour avoir assassiné sa femme Mall, ce que Cobb nie farouchement et dont le décès de sa femme le hante d’ailleurs sans cesse. Il est impossible d’aller plus loin dans la description de cette intrigue car ce que vous pourrez voir par la suite dépasse tout ce que vous pouvez imaginer. Ce film de Christopher Nolan est un monument de cinéma. Il faut le voir et le revoir plusieurs fois pour en comprendre tous les méandres et je ne suis pas sûr que l’on y arrive un jour. Nolan le sait-il lui-même ? Vous allez sortir totalement lessivé avec une seule envie, comprendre et comprendre encore ! Attention, il faut être en de bonnes conditions. Si vous n’accrochez pas au bout d’une demie heure, n’insistez pas, vous y reviendrez plus tard. Mais, si ce n’est pas le cas vous n’allez pas voir défiler les 2 heures qui vont suivre. Pour illustrer à quel point ce film a déchaîné les passions, ce blog lui est entièrement consacré. C’est très bien fait, très intéressant et parfaitement documenté. La lecture des différents articles est en mesure de mieux vous faire comprendre un certain nombre de choses que vous n’avez peut-être pas remarquées au premier abord. De plus, des ébauches d’interprétations sont proposées et complétées par les nombreuses réactions d’internautes qui y ont apportées leurs propres visions. Attention toutefois, n’allez pas lire ce blog tant que vous n’avez pas vu, au moins une fois, le film. Vous vous priveriez d’un auto-brain-storming salutaire. 😉 Sinon, d’autres informations à propos du film sur Allociné.
- Thérèse Desqueyroux. 🙂 A l’aube des années 30, dans les Landes, Thérèse Larroque va se marier avec Bernard Desqueyroux. L’un comme l’autre sont les héritiers de grandes propriétés de forêt et ce mariage « de raison » est l’occasion d’additionner les hectares aux hectares. Thérèse est d’un tempérament très différent de son mari, et de tous ceux qui l’entourent, excepté de sa jeune belle-sœur Anne, laquelle est également promise, bien contre son gré aussi, à un autre mariage de raison. Thérèse a des aspirations qui ne sont pas compatibles avec sa situation de femme soumise de la bourgeoisie provinciale de l’époque. Elle aspire à davantage de liberté et étouffe dans ce milieu où l’essentiel tourne autour de la chasse, de l’exploitation forestière et du sacro-saint honneur des familles. Très rapidement délaissée par un mari égoïste et brutal, méprisée par sa belle-famille et, en dépit de l’arrivée d’un enfant, elle échafaude un plan diabolique consistant à assassiner Bernard en forçant petit à petit les doses de médicaments qu’il doit prendre chaque jour pour soigner son cœur. Son projet est découvert et commence alors pour elle une longue descente aux enfers. Claude Miller signe ici son tout dernier film, lequel est d’ailleurs sorti en salles après son décès. En prenant le parti d’adapter un des plus emblématiques romans de François Mauriac, la tâche n’était pas évidente. En effet, qui saura restituer au plus près ce que Mauriac a su si bien faire avec ses portraits sans concession de cette bourgeoisie du terroir Bordelais ? Personnellement, autant que je me puisse me rappeler du roman que j’ai lu il y a déjà longtemps, je pense que Miller ne s’en est pas si mal sorti que cela. En ce sens je ne suis donc pas forcément en phase avec la critique, laquelle n’a pas été unanime sur le sujet. Toutefois, je reconnais quand même que les personnages de Mauriac sont bien plus sombres que ceux du film, même si Audrey Tautou et Gilles Lellouche ont tout fait pour y paraître crédibles. Au final donc, c’est plutôt un bon film avec les réserves liées au fait que l’adaptation d’œuvres littéraires comme celle-ci n’est pas forcément facile à réaliser. Plus d’information sur Allociné.
- Shadow dancer. 😐 Belfast dans les années 90. Collette est une jeune veuve qui vit chez sa Mère avec son jeune fils et ses trois frères. Ces derniers sont de fervents activistes de l’IRA. Chargée de déposer une bombe dans le métro de Londres, Collette se fait arrêter. Un agent des services secrets, dénommé Mac, lui propose alors une alternative aux 25 ans de prison auxquels elle est promises contre une « collaboration » consistant à espionner sa propre famille et l’entourage terroriste qui y est associé, le tout moyennant un engagement relatif à sa protection. Pour ne pas perdre son fils, elle accepte et retourne dans sa famille. La situation n’est alors facile ni pour Collette ni pour Mac. Tandis que le second doit composer avec une hiérarchie qui ne le soutient guère et qui joue parallèlement une stratégie concurrente, la première doit s’arranger pour donner des gages aux activistes tout en essayant de respecter son « contrat » avec Mac. Ce film est avant tout un film d’ambiance très noir et très âpre, bref c’est glaçant et un tantinet désespérant. L’intrigue, qui s’épaissit petit à petit, produit un scénario tendu jusqu’à cet improbable épilogue qui laisse sans voix et dont je ne suis d’ailleurs pas sûr d’avoir tout compris. Je trouve enfin que la composante politique sous-jacente est un peu trop laissée pour compte dans cette histoire. Pour conclure, ce film n’est pas spécialement un chef d’oeuvre incontournable comme l’ont été par exemple certains films de Ken Loach sur des sujets connexes dont le sublime « Le vent se lève ». Il reste que les acteurs Andrea Riseborough et Clive Owen sont, l’un comme l’autre, très convaincants dans leurs fragilités respectives et leur combat entre l’engagement et la raison. Plus d’information sur Allociné.
- Jack Reacher. 🙁 Un homme, embusqué dans un parking, tire 6 coups de feu sur des passants et en tue 5. Rapidement arrêté, celui-ci refuse de communiquer autrement qu’en demandant de « retrouver Jack Reacher ». Ce dernier, ancien officier de police militaire, se fait connaître auprès des enquêteurs et reconnaît en effet le tueur présumé comme étant un ancien tireur d’élite de l’armée qui avait déjà perdu son sang froid dans des circonstances similaires. Entre temps, le tueur tombe dans le coma après avoir été un peu trop « malmené » par la police. Connaissant bien l’individu et ses capacités, Jack Reacher détecte un certain nombre d’invraisemblances qui lui font penser qu’il ne peut pas être le tueur. Devant le refus de la police pour l’écouter, Reacher est engagé par la jeune avocate Helen Rodin pour poursuivre l’enquête afin de disculper son client. A partir d’un scénario plutôt astucieux au départ, le film s’enlise au final dans une intrigue alambiquée et ponctuée de scènes d’action musclées qui semblent n’avoir pour seul et unique but que de valoriser le retour en forme de Tom Cruise dans un rôle « à la Rambo » face à une Rosamund Pike au physique certes avantageux mais un peu trop pimpante et pas très crédible dans le rôle de l’avocate. Bref, ce film permet de « passer un moment » mais on va vite l’oublier… Plus d’information sur Allociné.
- Populaire. 🙂 Fin des années 50, Rose s’ennuie dans son petit village de Normandie, coincée entre un père ronchon et son commerce de bazar, et la perspective d’être mariée un jour au fils du garagiste. Elle rêve de devenir secrétaire et s’entraîne régulièrement à taper à la machine sur l’unique modèle disponible en magasin et qui n’a pas encore trouvé acquéreur. Suite à la parution d’une petite annonce, elle se rend à Lisieux où Louis Echard, jeune patron d’un cabinet d’assurance, cherche une secrétaire. Contre tout attente, elle est embauchée, non pour ses talents dans le domaine du secrétariat proprement dit mais parce qu’elle tape à la machine à une vitesse étonnante. Louis imagine alors qu’il pourrait la présenter aux concours de dactylographie qui sont organisés à différents niveaux (régional, national, etc.). Comme pour un sportif, il va devenir l’entraîneur de Rose et lui imposer une discipline de fer afin qu’elle devienne la championne dont il rêve. Le sujet est on ne peu plus inattendu et le résultat est une jolie comédie sentimentale, aux délicieux accents rétro, servie par des acteurs tous plus épatants les uns que les autres et dans des décors des années 60 particulièrement soignés (de l’omniprésence du Formica aux Dyna Panhard et autres Simca Chambord…!). Si certains fâcheux ont trouvé ceci mièvre et « cucul », je n’ai, pour ma part, pas boudé mon plaisir à le regarder. Plus d’information sur Allociné.