Seulement six films dans cette chronique mensuelle mais, à défaut de quantité, la qualité a été au rendez-vous avec quatre d’entre-eux à qui j’ai attribué le meilleur score. Excepté pour le film de Jean Becker, mes avis sont assez cohérents avec ceux de la presse.
Pour mémoire, les chroniques des mois précédents, ainsi que le récapitulatif 2012, sont consultables en suivant ce lien.
La signalétique, sur une échelle de 1 à 5, soit du meilleur au pire :
- Argo. 😐 1979, en Iran, des manifestants envahissent l’ambassade américaine de Téhéran et prennent en otage plusieurs dizaines d’Américains. Profitant de la confusion, six réussissent à s’échapper et à se réfugier dans l’ambassade Canadienne. Persuadés qu’ils seront découverts et probablement tués, Tony Mendez, un spécialiste en exfiltration de la CIA, monte un plan rocambolesque visant à les faire sortir du pays en les faisant passer pour une équipe de tournage de film en repérage. Avec ce film, Ben Affleck fait mouche et il incarne en plus, et de manière très convaincante, le rôle de Tony Mendez. Ce film est un thriller d’espionnage plutôt réussi qui tient en haleine jusqu’au bout avec une idée précise du stress que les intéressés ont certainement du ressentir. La reconstitution est, parait-il, assez fidèle aux faits réels et l’usage conjoint d’images d’archives contribue à nous plonger encore davantage dans l’ambiance. A noter enfin cette pointe d’humour toujours sous-jacente qui permet de « donner de l’air » dans un scénario très tendu. En conclusion, si Argo reste un excellent film d’aventure, ce n’est pas pour cela qu’il deviendra forcément une oeuvre dont on se souviendra longtemps. Plus d’information sur Allociné.
- Dialogue avec mon jardinier. :-D. Quinquagénaire Parisien, X est artiste peintre. Il est par ailleurs en rupture familiale, tant avec son épouse qui a décidé de le quitter, qu’avec sa fille avec laquelle il entretient des relations assez chaotiques. Plus ou moins cynique, il doute un peu du sens de sa vie. Suite au décès de sa mère, il décide de s’installer dans la maison familiale, située à la campagne, dont il est devenu propriétaire. Il y entame quelques aménagements en faisant appel aux gens du village. Parmi eux, Y répond à l’annonce de recherche d’un jardinier. Agent des chemins de fer à la retraite ce dernier mène une vie simple et heureuse. Passionné de jardinage il est très proche de la nature. Très vite, le courant passe et ces deux-là se rendent compte qu’ils se connaissent en fait depuis la petite école et qu’ils s’étaient perdus de vue depuis de nombreuses années. C’est alors une grande complicité qui s’installe entre eux, laquelle va devenir une amitié profonde et pleine d’affection réciproque, les amenant à se confier l’un à l’autre. Ils décident de se dénommer mutuellement Dupinceau et Dujardin, le premier puisant au passage tout le bon sens et la joie de vivre simple qui émane du second. Avec ce film Jean Becker nous déroule une tranche de vie, de manière très attachante et avec une extrême sensibilité. Même si l’idée de départ est on ne peut plus simple, même s’il n’y a pas d’histoire à proprement parlé, même si tout ceci n’est que le miroir de « la vraie vie » et rien de plus, je persiste à penser que c’est un très grand et très beau film, n’en déplaise à la critique des intellos Parisiens qui l’ont assassiné, qui n’y ont vu qu’une chronique campagnarde et qui sont donc passés à côté de toute l’humanité qui se dégage de ces deux personnages qui ont tant à apprendre l’un de l’autre. Portés par des dialogues d’une formidable justesse, Daniel Auteuil et Jean-Pierre Darroussin sont épatants dans les rôles respectifs de Dupinceau et Dujardin, au point qu’on en oublie que nous sommes dans une fiction. Plus d’information sur Allociné.
- Fargo. :-). Jerry est marchand de voitures d’occasion dans une concession tenue par son richissime beau-père à Minneapolis. Ayant d’autres ambitions, et un projet en tête, il désespère d’obtenir la moindre aide financière de la part de son beau-père. Lui vient alors l’idée d’organiser l’enlèvement de sa propre femme, espérant ainsi partager la rançon que paiera son beau-père pour la libération de sa fille. Pour cela il fait appel à deux petits malfrats sans envergure à qui il a déjà fourni une voiture en guise d’acompte. Hélas pour Jerry, les choses ne se déroulent pas tout à fait comme il l’aurait souhaité. En effet, les deux personnages à qui il a confié la mission du rapt de sa femme ne sont que deux minables fébriles qui vont laisser derrière eux de nombreux morts. Marge est policière du district de Fargo dans lequel se sont produits les faits et elle se trouve chargée de l’enquête. Il s’agit d’une jeune femme au tempérament plutôt joyeux qui cache derrière une apparente naïveté une intuition et une détermination sans faille. Elle ne va donc avoir de cesse que de poursuivre le tandem des deux tueurs, mais également de dévoiler la supercherie imaginée par Jerry. Avec ce film, les frères Coen nous emmènent une fois de plus dans une de ces histoires sombres et sanglantes dont ils ont le secret, le tout ficelé dans une ambiance de far-west des temps modernes. Avec Fargo toutefois, la noirceur de l’action est tempérée d’un humour décalé qui dépeint chaque personnage de manière désopilante, qu’il s’agisse du minable marchand de voiture, des deux branquignoles qui sèment la mort, ou encore de l’improbable policière plutôt zen et de ses collègues plutôt demeurés. Les frères Coen nous offrent donc ici une sorte de farce jubilatoire où les morts violentes ne sont que des aléas dans une aventure abracadabrante. Plus d’information sur Allociné.
- Amour. :-D. Georges et Anne forment une couple uni d’octogénaires cultivés qui partagent leur temps entre un confortable appartement Parisien, des activités culturelles et la visite épisodique de leur fille Eva, très occupée par ailleurs. Un matin, au petit déjeuner, Anne est victime d’un assez long moment d’absence. Après un instant d’hésitation, Georges s’apprête à appeler les secours tandis que son épouse revient brusquement à elle mais sans se souvenir de ce qu’il lui est arrivé. Les médecins diagnostiquent une attaque cérébrale et préconisent une opération chirurgicale, même si celle-ci n’est pas sans risque. Hélas, Anne en sort hémiplégique. De retour chez elle, une nouvelle vie va commencer pour Georges et Anne, dans laquelle le handicap s’intègre petit à petit mais toujours avec la même affection, la même bienveillance et le même amour entre ces deux êtres. Toutefois, petit à petit, l’état de santé d’Anne se dégrade et Georges doit s’impliquer encore plus lourdement pour maintenir la cohésion de leur couple afin d’éviter jusqu’au bout la séparation que présenterait une hospitalisation. Ce film de Michael Haneke est un véritable coup de poing émotionnel. Le sujet délicat de la fin de vie n’était pas facile et aurait pu paraître rebutant pour le spectateur. Il a su, avec l’aide de Jean-Louis Trintignant et d’Emmanuelle Riva (deux géants…!), faire de ce huis-clos intimiste une magistrale leçon d’humanité. Haneke m’a parfois un peu dérangé dans des films comme « La Pianiste » ou « Caché » dans lesquels il va au fond de la nature humaine en tranchant parfois avec violence. Ici ce n’est pas le cas, même si la violence est pourtant bien présente. La lenteur que certains ont pu déplorer n’existe pas en réalité. Tout y est parfaitement millimétré, tant dans le jeu des acteurs que des dialogues. Chaque seconde est importante et on fini par par s’identifier à l’un ou l’autre des personnages. Une palme d’or à Cannes en 2012 très amplement méritée. Plus d’information sur Allociné.
- L’échange. :-D. Los Angeles en 1928. Christine Colins travaille dans une compagnie du téléphone et élève seule son fils Walter. Exceptionnellement elle doit sacrifier une journée de congés pour aller travailler et laisse donc Walter seul. A son retour, ce dernier a disparu. La police est alertée et en dépit des recherches menées par le Capitaine Jones, Walter est introuvable. Quelques mois plus tard, Jones apprend à Christine qu’on a retrouvé son fils dans un autre Etat, aux mains d’un marginal. Folle de joie, elle attend son fils à la gare sous le regard de la presse et de la police, cette dernière comptant ainsi redorer son blason plutôt terni auprès de la population. Hélas Christine ne reconnait pas l’enfant qu’on lui présente et demande à la police de lui retrouver son véritable fils. Elle est soutenue en cela par le Pasteur Briegleb fervent opposant à la police de Los Angeles qu’il brocarde régulièrement dans son émission de radio. De plus en plus obstinée, Christine finit par agacer le Capitaine Jones et sa hiérarchie, jusqu’au point où il finissent par la faire passer pour folle et ils la font interner. Conjointement le Lieutenant Lester Ybarra découvre un enfant dans un ranch retiré. Celui-ci finit par confier qu’il était le complice d’un maniaque qui enlève des enfants pour les assassiner. Clint Eastwood livre ici un film d’une grande qualité, tant au niveau du scénario parfaitement ficelé, que de la mise en scène soignée ou encore de la restitution rigoureuse de cette ambiance d’entre deux guerres. On reste accroché à son fauteuil jusqu’à la fin dans l’attente d’une révélation. De plus, ce film est servi par de brillants acteurs dont, bien évidement, Angelina Jolie en tête, que l’on attendait pas forcément dans un tel rôle, mais qui campe avec beaucoup de justesse cette « mère courage » déterminée. On notera également un acteur talentueux en la personne de Michael Kelly (on l’a vu récemment dans la série House of Cards) dans le rôle d Lieutenant Ybarra. Plus d’information sur Allociné.
- No country for old men. :-D. Sud des Etats-Unis, à la frontière avec le Mexique. Llewelyn Moss, dont on ne sait d’ailleurs pas trop ce qu’il fait dans la vie, tombe sur les vestiges et les cadavres d’un règlement de compte, certainement lié au trafic de drogue. Il inspecte les lieux et finit par trouver, non loin de là, le cadavre d’un homme qui a tenté de fuir en emportant une mallette contenant 2 millions de dollars. Conscient que d’autres vont rechercher cette mallette, Moss s’empare du butin et organise sa fuite. Hélas, il est rapidement pris en chasse par Anton Chigurh un redoutable tueur psychopathe. En dépit des efforts de Moss pour brouiller les pistes, il a toujours Anton sur ses traces, jusqu’au moment où il réalise que la mallette contient en fait un émetteur radio qui permet de le localiser. Bell, le shérif du coin, est un homme vieillissant et désabusé qui, conscient du danger qui guette Moss, va vainement tenter de le faire sortir de la situation dans laquelle il s’est empêtré. Avec ce film les frères Coen frappent vraiment très fort. Il s’agit là d’un véritable western contemporain, nerveux et sanglant, pas tout à fait dénué d’humour non plus mais tout de même un oeuvre très noire. Au-delà du film d’action proprement dit, et des scènes de violences qui le ponctuent (on ne compte plus les morts), c’est aussi une analyse totalement pessimiste du rapport de force entre le banditisme et la loi dans cette région du Texas, le tout vu au travers du regard de ce vieux shérif qui finira sa carrière sans pouvoir changer le cours des choses. No country for old men est a mon sens un des meilleurs films que j’ai pu voir des frères Coen, un de ces films qu’on a vu et qu’on aimera revoir, ne serait-ce que pour cette mise en scène nerveuse et millimétrée mais aussi pour le casting brillant constitué de Tommy lee Jones dans le rôle du shérif, Javier Bardem impressionnant dans le rôle d’Anton, de Josh Brolin dans le rôle de Llewelyn Moss, et de quelques autres tout aussi talentueux. Plus d’information sur Allociné.