Depuis quelques temps, le chanteur Renaud a fait l’objet de plusieurs évocations dans les médias.
Plus particulièrement, un ensemble de jeunes interprètes (et de moins jeunes également) a récemment réalisé un album dans lequel ils reprennent quelques-unes de ses chansons (1).
Hier, France-2 rediffusait un ancien numéro du magazine « Un jour, un destin » (2) qui lui avait été consacré en 2012. Comme le sont la plupart de ces émissions, celle-ci était de bonne qualité avec la contribution de nombreuses personnes de l’entourage proche du chanteur parmi lesquels son frère, des anciens du « café de la gare », Jean-Louis Foulquier, des professionnels du monde du spectacle, mais en revanche d’aucun chanteur, et c’est très bien ainsi car cela a permis d’éviter les discours lénifiants de type « brosse à reluire » pour ne se concentrer que sur l’essentiel, l’homme, Renaud Séchan.
Cette émission m’a permis, non seulement de mieux connaître, voire de découvrir, le parcours de cet homme hors du commun, mais également de mieux comprendre la genèse de certaines chansons.
En effet, hormis celles qui lui ont été inspirées par sa vie intime, sa fille, la mort de Coluche, Mitterand, etc., pour lesquelles il n’y a aucun doute, je pense à des chansons comme « Oscar », « Fatigué » ou « Les charognards » dont le reportage nous a donné un éclairage sur le contexte de leur création.
Si vous n’avez pas pu voir cette émission, ni pu l’enregistrer, sachez qu’elle est disponible en « replay » (Pluzz) pendant encore une petite semaine sous le titre « Renaud, les raisons de la colère« . Sinon, elle est également disponible sur Youtube à cette adresse.
Ce retour de Renaud dans les médias m’a ainsi amené à me replonger avec plaisir dans les nombreux albums dont je dispose de lui (3). Cela m’a donné l’idée de réaliser une petite sélection de mes chansons préférées et, par là même, d’en faire des listes d’écoute dans mon blog, comme je l’ai déjà fait pour quelques autres artistes (4).
De la même génération que moi, Renaud a été l’une des plus grandes références de ma jeunesse, dans la foulée de la grande émancipation qu’a été mai 1968. Aujourd’hui encore, bien que le temps ait passé, je nourris pour cet artiste une admiration et même une affection toute particulière. Beaucoup de chansons de Renaud sont intemporelles, en dépit de l’évolution de la société. Mieux même, notre société actuelle aurait parfois de bonnes raisons de s’identifier aux chansons de Renaud des années 70.
Etant donné l’étendue du répertoire de Renaud et l’admiration que j’ai pour cet artiste, il m’est apparu difficile d’établir une « playlist » unique qui soit d’une taille raisonnable. En conséquence, j’ai décidé de vous proposer mes chansons préférées en plusieurs listes thématiques selon ce qui caractérise, selon moi, chacune des chansons.
La tâche n’a pas été aisée car, dans une même chanson, on peut trouver tout à la fois l’ambiance banlieue-loubard de ses débuts, l’amitié, la tendresse et la nostalgie, sans pour cela occulter une certaine révolte. C’est par exemple le cas de « La teigne », « La blanche » ou encore « La bande à Lucien », pour ne citer que celles-là.
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Commençons donc par cette première période, largement consacrée à la banlieue, à la société et à ce côté un peu « loubard », sans se départir d’un humour parfois grinçant, mais également parfois tout simple et sans arrière-pensée. Ces chansons ont certes un peu vieilli mais je suis persuadé qu’elles peuvent encore avoir un écho auprès de ceux qui vivent actuellement dans nos banlieues. Je pense, entre autres, à « Dans mon HLM » ou encore à « Banlieue rouge ».
Durant cette même première période, mais également par la suite, on retrouve Renaud le chanteur révolté et contestataire. Pour les plus anciennes, telles que « Déserteur » ou « Hexagone », bien que le contexte politique et sociétal ait changé, elles gardent toute leur valeur et pourraient être transposées sans trop de difficultés dans le monde actuel.
Ce sont parfois des chansons très dures, qui sont capables de vous tirer les larmes. Je pense, entre autres, à « Morts les enfants », « Petite conne » ou même « Les charognards » qui reste pathétique même s’il s’agit de l’histoire d’un voyou abattu dans la rue (chanson inspirée de l’affaire Mesrine).
Tout ce que nous venons d’écouter représente la face plutôt sombre de Renaud, même si les sujets sont parfois traités avec humour. L’autre visage de Renaud est celui où il se montre sensible, affectueux, fort en amour ou en amitié vis à vis de sa famille et de ses amis. C’est aussi ce côté très nostalgique du chanteur qui ressort dans beaucoup de ses chansons et qui semble le ravager maintenant si l’on en crois les rumeurs qui courent à son propos.
Ici aussi, certaines chansons sont d’une force magistrale. J’écoute toujours avec beaucoup d’émotion des chansons comme « Manu », « En cloque », « Dans son sac », « Son bleu », « Putain de camion », « Mon amoureux » « Le sirop de la rue » et quelques autres, sans oublier l’incontournable « Mistral gagnant ».
Et voilà… Je ne suis pas sûr de ne pas avoir oublié un titre ici ou là. Au fur et à mesure je compléterai ces listes d’écoute, y compris en tenant compte de vos propres suggestions.
Il reste maintenant un certain nombre de chansons plus ou moins inclassables que je ne pouvais pas passer sous silence au risque de me faire « trucider » par les fans du chanteur. En effet, il parait impossible de passer à côté de « Quand le vent soufflera » ou encore du « Tango de Massy Palaiseau ». Pour ma part j’aime bien « Adios Zapata » ou « La belle de Mai » (dans laquelle un certain Monsieur Bernard devrait se reconnaître ;-)), ainsi que la très sombre « ballade de Willy Brouillard ».
Sinon, c’est ici que j’ai également regroupé les trois chansons dans lesquelles il parle avec beaucoup de sensibilité de sa passion pour la pêche à la ligne. Enfin, une petite chanson que je n’ai découvert que très récemment : « Tu vas au bal », laquelle n’est pas sans nous faire penser au grand Boby Lapointe.
J’ajoute, pour terminer, que l’ordre dans lequel apparaissent les titres dans ces quatre playlists, ne reflète en rien un ordre de préférence, classement dont je serai d’ailleurs bien en peine de l’établir.
Bonne écoute, et n’hésitez pas me faire part de vos propres avis. 😀
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(1) Il s’agit d’un album paru sous le titre « La bande à Renaud » et dont l’accueil a été plus ou moins contrasté. Malgré tout, devant le succès commercial engendré par cette initiative, un second album vient de sortir avec quelques interprètes de la même génération que Renaud tels que Lavilliers, Dutronc, Arno, Lindon, etc. Personnellement je n’ai qu’assez peu écouté ces deux albums lorsqu’ils sont passés à la radio mais il y a quelque-chose qui me gêne un peu dans cette initiative qui a une connotation un peu posthume. (2) Emission animé par Laurent Delahousse. Cette émission est d’un bon niveau et évite soigneusement de tomber, ni dans le voyeurisme à la mode people, ni dans l’hagiographie bébête et sans intérêt. Pour ma part j’ai déjà vu les numéros consacrés, à Françoise Hardy et Jacques Dutronc, France Gall et Michel Berger, Julien Clerc, Bashung et quelques autres, etc. (3) Ayant du reconstituer mon stock de vyniles et de vieilles cassettes bloquées, je me suis rabattu sur une compilation d’une cinquantaine de chansons sous le label « Master Série » que j’ai ensuite complétée avec « Mistral gagnant », « Marchand de cailloux », « Putain de camion », « La belle de mai », « Boucan d’enfer » et « Rouge sang ». Autrement dit, je suis loin d’avoir une véritable intégrale. (4) A lire dans ce blog les articles sur Thomas Fersen, Yves Jamait, Vincent Delerm, Katie Melua, Bénabar, Marianne Feder, Bob Dylan, Arno, Les Rolling Stones, etc., dont certains sont agrémentés de playlists.