Voici presque trois mois que je n’avais pas écrit de chronique cinéma. Pourtant, la période hivernale est plutôt favorable pour aller au cinéma ou pour regarder la télévision.
Au programme de cette chronique printanière, seulement 10 films, dont tout juste la moitié ont valu une appréciation au-dessus de la moyenne, et seulement 2 la plus haute note.
Pour mémoire, vous pouvez consulter les chroniques des mois précédents en suivant ce lien. Vous y trouverez également les récapitulatifs des années 2012 et 2013.
La signalétique, sur une échelle à 5 niveaux, soit du meilleur au pire :
- Inside man. 🙂 Ce matin-là une équipe de peintres en bâtiment, tous habillés de la même façon, entrent dans une grande banque du quartier des affaires de Manhattan. Il s’agit en fait d’un hold-up et ils contraignent les personnes prises en otage à revêtir les mêmes combinaisons qu’eux afin que l’on ne puisse pas distinguer les uns des autres. Aussitôt la police est dépêchée sur les lieux par la présence de deux policiers qui commencent à prendre les choses de manière plutôt décontractée. Des clients inquiets pour leurs coffres commencent à se manifester et, pour sa part, le propre directeur de la banque s’inquiète que l’on puisse s’en prendre au sien dans lequel il semble avoir caché quelques valeurs inestimables sinon quelques secrets plus ou moins avouables. Conjointement une jeune avocate, arriviste à souhait, et au réseau d’influence plutôt bien fourni, intervient spontanément sans que l’on sache trop pourquoi elle est là. La suite va être un vaste jeu du chat et de la souris entre ceux qui sont dehors et l’homme qui dirige les opérations à l’intérieur de la banque. Voici un excellent polar dans lequel tous les éléments visuels ou de dialogues comptent pour bien comprendre ce qu’il se trame. On reste accroché sans une minute de répit. Le tout est porté par un groupe d’acteurs épatants (Clive Owen, Denzel Washington, Jodie Foster, etc.). Plus d’information sur Allociné.
- Django unchained. 😀 Sud des Etats-Unis dans les années 1860. King Schultz, médecin d’origine allemande, court la campagne pour assumer son véritable métier de chasseur de primes. Il est à la poursuite de deux dangereux meurtriers. Pour cela il va racheter Django à un marchand d’esclaves car il sait que cet homme pourra l’aider à retrouver les deux fuyards. En échange il propose à Django de lui rendre sa liberté. Pour sa part ce dernier vise avant tout à retrouver sa femme, dont il a été séparé par le jeu du commerce des esclaves, et il compte ainsi profiter de l’aventure avec Schultz pour y arriver. Dans leur périple, émaillé de quelques morts violentes, Schultz et Django finissent par arriver dans l’immense propriété de Calvin Candie, un riche et cynique propriétaire terrien dont l’activité repose essentiellement sur des esclaves et quelques hommes de main sans foi ni loi. Candie s’adonne également aux combats d’esclaves et Schultz va faire mine de lui vendre Django avec l’espoir de le rouler dans farine et de récupérer la femme de Django par la même occasion. Avec ce film, Quentin Tarantino nous offre un western de très haute volée dans lequel tous les ingrédients y sont réunis (aventure, violence, humour, sentiments, histoire, etc.). On aime ou on n’aime pas Tarantino mais, en ce qui me concerne, si j’ai toujours eu un peu de retrait par rapport à ses films, celui-ci m’a au contraire enchanté. Côté interprétation, rien à dire c’est du top niveau, Jamie Foxx et Christoph Waltz sont grandioses même face à un Leonardo Dicaprio qui semble bien s’amuser dans son rôle de négrier machiavélique et tête à claques. Du très très grand cinéma, comme on peut en souhaiter plus souvent. Plus d’information sur Allociné.
- Black book. 🙁 Durant l’occupation allemande, aux Pays-Bas. Rachel, jeune femme juive, réchappe par miracle à une rafle durant laquelle elle va perdre une grande partie de sa famille et de ses amis. Elle va alors rejoindre la résistance et sera « utilisée » pour infiltrer les services de renseignements allemands, quitte à user de ses charmes et de ses talents de chanteuse. C’est ainsi que, avec d’autres jeunes femmes, elle va mener une vie de courtisane dans le luxe et les beuveries auprès des officiers de la wehrmacht. Ceci étant, elle va finir par tomber quand même vraiment amoureuse de Mûntze qui n’est pas comme les autres. Pendant ce temps les choses ne sont pas toujours très claires du côté du groupe de résistants auquel Rachel appartient. Si l’on en croit les critiques, ce film serait un petit chef d’oeuvre du sulfureux réalisateur Paul Verhoeven. Pour ma part, il m’a surtout ennuyé. D’une part il n’innove pas en ressassant les sempiternelles histoires d’occupation que l’on nous assène depuis plus de 60 ans. Par-dessus tout cela, on n’échappe pas à l’incontournable et tragique histoire d’amour avec le bon Allemand parmi les méchants. Il reste toutefois une chose intéressante avec une analyse sans concession de la nature humaine du côté des résistants chez qui les grandeurs d’âmes sont parfois mises à bas par les ambitions personnelles et les petites lâchetés. Plus d’information sur Allociné.
- Un beau dimanche. 😐 Dans une petite ville du sud de la France, Baptiste est instituteur. De nature un peu secrète vis à vis de son entourage, il ne reste jamais guère plus d’une année au même endroit. Un soir, veille de week end, un de ses élèves a été oublié par ses parents. Baptiste va le ramener mais le père ne pouvant pas le prendre en charge, il va chercher la mère, Sandra, laquelle travaille comme serveuse dans un bar de plage. Celle-ci ayant des obligations professionnelles pour le week end, Baptiste va rester auprès d’elle pour l’aider à garder l’enfant. C’est ainsi qu’une complicité va s’établir entre eux trois comme s’ils reconstituaient un univers familial qui manque visiblement à chacun d’eux. Suite à un parcours chaotique, Sandra doit de l’argent et se trouve menacée par un groupe d’hommes. Baptiste décide de lui venir en aide mais, pour cela, il doit renouer avec sa riche famille avec laquelle il avait coupé les ponts depuis longtemps. Avec cette histoire, à la fois un peu banale et parfois un peu alambiquée, Nicole Garcia nous livre un film assez plat, peu crédible et donc sans réel intérêt. Les acteurs font ce qu’ils peuvent mais ne sauvent pas la mise. On a vu Louise Bourgoin bien mieux inspirée dans d’autres films et, pour sa part, Pierre Rochefort manque sérieusement de conviction dans son rôle. Plus d’information sur Allociné.
- Mea Culpa. 🙁 Simon et Franck sont tous deux policiers à Toulon. A la suite d’une soirée bien arrosée, alors qu’ils rentrent chez eux en voiture, ils provoquent un accident mortel. Simon (Vincent Lindon), qui était au volant en état alcoolisé, se retrouve de facto exclu de la police et, après un long séjour à l’hôpital, puis un douloureux divorce, se retrouve convoyeur de fond et souffre de l’éloignement d’avec son jeune fils. Pour sa part Franck (Gilles Lellouche) essaie tant bien que mal de veiller sur Simon. Les choses vont ainsi jusqu’au jour où le fils de Simon est témoin d’un règlement de compte entre malfrats. Poursuivi, le gamin finit par leur échapper mais Simon ne veut pas en rester là et il va s’attacher, non seulement à mettre son fils et son ex-femme en sécurité, mais également à neutraliser la bande mafieuse. Pour cela, Franck va naturellement lui prêter main forte en dépit des risques encourus pour sa carrière dans la police. Après « Pour Elle » et « A bout portant », Fred Cavayé persiste une fois de plus dans le genre polar/thriller de choc où l’action, la violence et l’invraisemblance se côtoient une fois de plus. Il met à nouveau en scène deux de ses acteurs favoris, lesquels font le job mais valent bien mieux que cette mascarade policière abracadabrante. Même le rebondissement de la fin ne sauve pas l’affaire… Bref, vous l’avez compris, ce n’est pas un film que je vais vous recommander. Plus d’information sur Allociné.
- La Vénus à la fourrure. 😀 Fin de journée harassante et décevante pour Thomas, metteur en scène de théâtre qui termine une série d’auditions infructueuses. Il n’a pas réussi à trouver l’actrice qui pourra jouer le rôle principal dans la pièce qu’il s’apprête à monter. C’est alors qu’arrive Vanda, candidate sérieusement en retard et qui en plus, ne figure pas dans la liste. Vanda est une sorte de tornade volubile, futile, débraillée, un brin vulgaire et surtout obstinée. Elle veut absolument ce rôle et, malgré les refus fermes et réitérés de Thomas, elle continue à insister lourdement jusqu’au moment où elle se met à déclamer quelques répliques de la pièce qu’elle disait pourtant ne pas connaître. Thomas est sidéré, la diction est parfaite et le ton est juste. De plus Vanda déballe de son sac une série d’accessoires qui correspondent parfaitement à ce qu’il imaginait pour la pièce. A partir de cet instant le sort de Thomas va progressivement basculer pour passer entre les mains de cet ovni nommé Vanda, belle, sensuelle, envoûtante et maîtrisant parfaitement son art. Ce n’est plus Thomas qui dirige la répétition mais Vanda qui impose son rythme, ses analyses et ses solutions alternatives de mise en scène. Ce film de Roman Polanski est une véritable petite merveille. Ce huis clos à deux acteurs, dans cette ambiance sombre et froide du fin fond d’un théâtre désert, est absolument passionnant. Emmanuelle Seigner, superbe et flamboyante dans le rôle de Vanda, nous scotche littéralement, nous hypnotise, tout comme elle le fait pour prendre petit à petit possession de l’esprit de ce pauvre Thomas, magistralement interprété par Mathieu Amalric. A 80 ans passés, Polanski sait encore nous étonner avec un cinéma novateur, il s’agit là d’un de ses meilleurs films où la psychologie des êtres est disséquée avec une minutie et une précision d’orfèvre. Décidément il fait vraiment partie des grands parmi les grands. Plus d’information sur Allociné.
- 12 years a slave. 😐 Peu avant que ne se déclenche la guerre de Sécession, Solomon Northup, jeune homme noir de New-York est enlevé et vendu comme esclave. Bien qu’il revendique haut et fort sa liberté, il se retrouve dans le sud des Etats-Unis et va devoir faire face aux pires humiliations, à des conditions de travail exécrables et à la cruauté du propriétaire d’une plantation de coton. Allant ainsi de patrons en patrons il finira par rencontrer, douze années plus tard, un Canadien abolitionniste qui va s’appliquer à le faire libérer. Ce film est en fait une adaptation du livre dans lequel le véritable Solomon Northup a raconté son calvaire d’esclave. A vrai dire, hormis l’intérêt socio-historique sur cette Amérique du XIX ème siècle et de ses heures peu glorieuses, je n’ai pas trouvé grand-chose qui puisse me faire dire qu’il s’agit vraiment d’un grand film. Tout là-dedans est un peu trop démonstratif, comme si le réalisateur voulait faire avant tout de la pédagogie sur l’esclavage. Ceci étant, l’analyse est faite sans concession aucune et a le mérite de disséquer avec précision cette période de l’histoire dont la jeune Amérique n’a pas à se glorifier. Bref, cela se laisse regarder mais franchement ne mérite pas qu’on l’élève au niveau de chef d’oeuvre. Plus d’information sur Allociné.
- Diplomatie. 🙂 Août 1944, Les alliés sont aux portes de Paris et en passe de libérer la ville. Celle-ci est encore sous le commandement du Général allemand Von Choltitz, militaire Prussien habitué à obéir aux ordres sans états d’âmes. Il a reçu pour ordre de détruire Paris en sabotant les grands monuments et les principales infrastructures. Ayant eu connaissance des plans de l’état-major allemand, le consul de Suède, Raoul Nordling, va s’arranger pour prendre contact discrètement avec Von Choltitz afin de le convaincre de ne pas appliquer le plan de destruction de Paris qu’Hitler lui a demandé. Il va s’ensuivre un huis clos extrêmement tendu entre les deux hommes, argument contre argument, jusqu’à un épilogue que l’on sait heureux pour Paris et dont on découvrira quelles en ont été les clefs. Ce film du cinéaste allemand Volker Schlöndorff est en réalité une adaptation de la pièce de théâtre du même nom dans laquelle André Dussolier et Niels Arestrup se sont déjà affrontés. Il n’en demeure pas moins que ceci est intéressant et tranche avec les films de guerre habituels sur cette période de l’histoire. Ici, ce sont vraiment les aspects psychologiques de la nature humaine qui sont mis en exergue, le tout soutenu par deux superbes acteurs totalement habités dans leurs rôles respectifs. Ceci étant, quiconque se penchera sur cet épisode se rendra compte que ceci ne s’est pas vraiment passé ainsi, même si l’essentiel reste bien conforme à la réalité. Plus d’information sur Allociné.
- 96 heures. 🙁 Gabriel Carré, patron de la Brigade de Répression du Banditisme, a fait tomber, trois ans auparavant, Victor Kancel un truand notoire. Ce matin-là des hommes de main de Kancel kidnappent Carré à son domicile et le contraignent à simuler une levée d’écrous de Victor pour interrogatoire. En fait, Carré va être enfermé dans une maison pour ce que Kancel va appeler une « garde à vue » durant laquelle il espère bien que Carré lui livrera les noms de ceux qui l’ont balancé. La suite va être une succession d’actions violentes ponctuées de dialogues plus ou moins prévisibles. Bref, ce film n’a pas grand-chose pour que l’on s’y attarde plus que ça. Frédéric Schoendoerffer signe là un polar décevant en dépit des pointures qu’il a pu engager. Gérard Lanvin fait le job sans forcer le talent. Pour sa part, je préfère le Niels Arestrup de « Diplomatie » ou de « Quai d’Orsay » pour ne citer que deux films récents dans lequel il a joué, sinon bien évidemment de « Un prophète » où, dans un registre similaire, il donne tout son talent d’acteur. En conclusion, ce film ne vaut pas que l’on perde son temps à le regarder. Plus d’information sur Allociné.
- Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu. 🙂 Dignes représentants de la bourgeoisie catholique de province, Claude et Marie ont 4 filles dont les 3 aînées se sont respectivement mariées à un Musulman, un Juif et un Chinois. Malgré tous leurs efforts pour faire bonne figure, ils ne manquent pas de « faire la tête » à chaque réunion de famille durant lesquelles ils sont confrontés, non seulement aux fossés culturels qui les séparent de leurs gendres, et par là même de leurs filles, mais également de ceux qui font s’opposer leurs gendres eux-mêmes. Leur souhait le plus cher serait de pouvoir marier la petite dernière à l’église, et leurs prières sont exaucées puisque Laure va épouser Charles, issu d’une bonne famille catholique, mais… d’origine Sénégalaise ! Sous ses airs de comédie hyper-classique à la Française, ce film aborde le sujet de la tolérance multiculturelle, non seulement avec humour mais également et surtout avec humanité et le tout sans verser dans la bouffonnerie et le mauvais goût. Les personnages sont « croqués » avec finesse et intelligence. En ces temps où les tensions sont exacerbées sur le sujet, le film de Philippe de Chauveron nous donne une bonne bouffée d’optimisme. A noter par ailleurs que tous les acteurs semblent avoir tout donné pour conférer à ce film ses qualités de comédie humaniste et en premier lieu Chantal Lauby et Christian Clavier qui n’en font pas outre mesure comme on aurait pu le redouter. Les seconds rôles sont, pour leurs parts sympathiques et très justes. Ce n’est certes pas le cinéma que la critique intellectuelle va plébisciter mais ne boudons pas notre plaisir de nous être bien amusés. Plus d’information sur Allociné.