Autant le mois de février m’avait été propice pour les soirées cinéma, avec de nombreuses oeuvres regardées, autant ce mois de mars ne m’a permis de regarder que 8 films dont deux téléfilms.
En termes qualitatifs, ce n’est pas trop mal avec un 😀 pour « Le bruit des glaçons », quatre 🙂 (4/5) et un seul 🙁 (2/5).
Pour mémoire, notez les chroniques de janvier et de février. Sinon, le récapitulatif annuel de l’année précédente.
La signalétique, sur une échelle de 1 à 5, du meilleur au pire soit : 😀 🙂 😐 🙁 😡
- Comme une image 🙂 Lolita (Marie-Lou Berry) a vingt ans et souffre de son physique qui n’est pas la norme affichée dans les magazines. Pire encore, elle aimerait compter davantage pour son père Etienne Cassard (Jean-Pierre Bacri), romancier à succès un peu désabusé, qui passe trop de temps à se regarder lui-même et à en vouloir à tout le monde, avec cynisme et parfois cruauté. De son côté, Pierre (Laurent Grévill) est également écrivain et il doute de trouver un jour le succès, jusqu’au moment où il croise Etienne. Sylvia (Agnès Jaoui), son épouse, est professeur de chant. elle croit au talent de son mari mais doute du sien et de celui de son élève Lolita, laquelle n’est autre que la fille de Pierre Cassard, l’écrivain qu’elle admire. Avec ce chassé-croisé de personnages, Agnès Jaoui fait encore très fort. Dans cette comédie de moeurs elle dissèque petit à petit les âmes des uns et des autres, avec leurs qualités, leurs défauts, leurs fêlures, etc. C’est du même niveau que le très beau « Le goût des autres« . On dirait presque du Claude Sautet. Que dire des acteurs, c’est juste parfait de sincérité et de justesse. On en redemande. Plus de détails sur AlloCiné.
- Les grandes personnes 😐 Albert (Jean-Pierre Darroussin) emmène, comme chaque année pour son anniversaire, sa fille Jeanne (Anaïs Demoustier) en vacance dans un pays d’Europe. Cette année ce sera la Suède, et plus précisément une île dans laquelle Albert espère retrouver la trace d’un célèbre viking et de son trésor. D’un naturel plutôt rigide et organisé, il va devoir faire face à un imprévu car, suite à une erreur, la maison qu’il avait louée est déjà occupée. Il va falloir composer et accepter une cohabitation avec les deux jeunes femmes qui y sont déjà installées. Pour sa part, Jeanne ne semble voir que des avantages à cette situation imprévue et de son côté Albert finit par s’y résoudre avec plus ou moins de bonne volonté. Ce petit film sans prétention est agréable à regarder et il s’en dégage une douceur et une sincérité qui nous font apprécier cette tranche de vie avec son chassé-croisé sentimental. Ceci étant, tout est un peu cousu de fil blanc dans cette histoire et on reste quand même un peu sur notre faim. Bref, pour conclure, c’est une gentille petite histoire mais le film ne tient en grande partie que grâce à Jean-Pierre Darroussin et à Anaïs Demoustier qui apportent sincérité et émotion dans leurs interprétations. Plus de détails sur AlloCiné.
- Barbara. 🙂 Médecin pédiatre en Allemagne de l’Est au début des années 80, Barbara est soupçonnée de vouloir fuir à l’Ouest d’où son compagnon fait tout pour organiser sa fuite. Elle est mutée d’autorité dans une clinique de province et elle est surveillée de près par les sbires de la Stasi. Le chef de service de la clinique est plutôt gentil avec elle et elle se demande s’il est là pour la surveiller aussi ou si ceci est sincère. Petit à petit le contact s’établit au travers des cas de jeunes patients pour lesquels ils se démènent, l’un comme l’autre, pour les sauver de la maladie et si possible aussi de leur situation sociale. Ce film où l’amour et le politique sont étroitement liés ne laisse pas indifférent. La lenteur et l’aspect répétitif de certaines scènes de la vie courante peuvent parfois peser sur le film mais cela ne fait qu’amplifier l’atmosphère très oppressante de la vie en RDA dans ces années-là. Il faut voir ce film, au risque d’en ressortir un peu sonné. C’est glaçant. Enfin, l’actrice Nina Hoss qui incarne Barbara est bouleversante de vérité. Plus de détails sur AlloCiné.
- Love & Secrets. 🙁 David (Ryan Gosling) héritier d’une grande famille de l’immobilier New-Yorkais tombe amoureux de Katie (Kirsten Dunst) jeune fille issue des classes moyennes. Contre l’avis de sa famille, ils se marient et commencent à vivre une romance insouciante. Les réalités amènent David à rejoindre l’entreprise familiale et conjointement il change de comportement vis à vis de son entourage et surtout de Katie. Sujet à de soudaines sautes d’humeur, il devient violent et semble petit à petit perdre la raison, hanté qu’il est par ailleurs par la mort de sa mère, laquelle s’est suicidée devant lui lorsqu’il était enfant. Quelques temps plus tard, Katie disparaît mystérieusement et ne réapparaîtra plus jamais. En dépit d’un titre un peu mièvre (l’original était « All good things »), et d’une affiche qui l’est tout autant, ce film était prometteur, ne serait-ce que par l’annonce et les deux principaux acteurs. En réalité, je n’ai pas du tout aimé. C’est un film qui semble plutôt bâclé, avec un scénario qui manque de consistance et qui traîne déjà en longueur au bout d’un quart d’heure. Le mélange de romance, de drame familial et de thriller devient vite indigeste. Prétendument inspiré de faits réels qui ont défrayé la chronique judiciaire en Amérique, des années 80 à aux années 2000, cela ne lui en donne pas plus de valeur. Nous sommes bien loin du très bon film de Barbet Schroeder, le mystère Von Bülow. A éviter donc. Plus de détails sur AlloCiné.
- Le bruit des glaçons. 😀 Charles (Jean Dujardin), écrivain alcoolique, plus ou moins lâché par son entourage, et en panne d’inspiration, vit dans une villa du midi en compagnie de Louisa (Anne Alvaro) qui s’occupe de l’intendance. C’est alors qu’il reçoit la visite impromptue d’un homme (Albert Dupontel) qui se présente comme étant « son cancer » et qui veut donc prendre contact pour envisager la suite. Louisa, qui, dans un premier temps ne voit pas physiquement ce visiteur, se préoccupe de l’état fébrile de son maître mais finit pas comprendre, d’autant plus qu’elle est désormais flanquée elle-aussi de « son cancer » (Miriam Boyer). Sur ce point de départ déjà pas banal (qui pourrait être d’Almodovar ;-)), s’ensuit une série de situations tout aussi cocasses que dramatiques, jusqu’à une issue totalement improbable. J’ai été emballé par ce film où l’iconoclaste et talentueux Bertand Blier nous amène aux frontières de l’absurde dans cette fable où il arrive à traiter un sujet grave avec cet humour froid qu’il maîtrise si bien mais aussi avec une poésie, une légèreté et une tendresse que l’on n’imaginait pas forcément. Il en ressort une formidable leçon d’optimisme et une façon de considérer la mort avec un autre regard. C’est vraiment du très grand cinéma qui a l’immense mérite d’être créatif, original et qui ne se cantonne pas à reproduire une réalité comme ces trop nombreux biopic ou reconstitutions de faits réels. Que dire des acteurs, sinon qu’ils sont parfaits, l’un(e) comme l’autre au service de dialogues ciselés et qui percutent. Mention pour Anne Alvaro (déjà vue dans « le goût des autres ») dans un second rôle bien maîtrisé et qui fût d’ailleurs récompensé aux Césars. Enfin, pour être complet, la bande son est remarquable avec un mélange des genres qui enchante (de Ravel ou Monteverdi, à Leclerc ou Cohen). Plus de détails sur AlloCiné.
- Les adieux à la Reine. 😐 13 juillet 1789, Louis XVI, Marie-Antoinette et leur cour continuent dans les frivolités à Versailles tandis que l’issue de la rébellion, qui couve depuis longtemps à Paris, est toute proche. Sidonie, jeune servante et lectrice de la Reine, voit tout à coup le bouleversement qui s’opère et n’imagine pas qu’elle ne puisse plus continuer à être dans l’entourage de cette Reine qu’elle vénère. Ce film de Benoît Jacquot qui a recueilli les meilleures critiques de la presse prend un parti original en retraçant les 3 derniers jours de la monarchie vue du côté des « petites mains » qui étaient à son service et plus particulièrement d’une jeune lectrice très proche de la Reine. Ceci est d’autant plus intéressant que l’on peut alors mesurer l’étrange relation qui existait entre ces deux mondes, parfois proches et presque familiers, parfois très éloignés et avec un mépris de la monarchie et de sa cour pour ceux qui étaient à leur service. Hormis ces points positifs, le film reste tout de même assez soporifique, très lent et d’une manière de filmer aussi empesée que l’étaient les costumes de l’époque ;-). Les acteurs sont certes bons. Diane Kruger est parfaitement horripilante dans le rôle de la Reine qui sacrifie sa lectrice sans aucun scrupule. Pour sa part, Xavier Beauvois finirait presque par rendre sympathique un Louis XVI désabusé. Dans le rôle principal de Sidonie, Léa Seydoux « fait le job » sans vraiment convaincre. A noter tout de même une photo, des décors et des costumes soignés, ce qui a valu 3 césars bien mérités à ce film. Plus de détails sur AlloCiné.
- Papillon noir. 🙂 Richard, scénariste un peu dans la panade remonte, en voiture, une vallée étroite du Vercors et se trouve confronté à un chauffeur routier qui le bloque. Arrivé dans un restaurant où il a rendez-vous, il a une altercation avec le chauffeur. Un client du restaurant lui vient alors en aide en expulsant le routier. Un peu plus tard il rencontre à nouveau son sauveur, Jack, lequel est plus ou moins un vagabond qui va à pied à la recherche de petits boulots en échange du gîte et du couvert. Il le fait monter dans son véhicule et lui propose justement de l’aider pendant quelques jours pour remettre un peu en état sa maison. C’est alors qu’entre les deux hommes se noue une étrange relation dans laquelle Jack prend l’ascendant sur Richard, le tout dans une atmosphère de plus en plus tendue. Richard commence alors à soupçonner Jack d’être l’assassin qui fait disparaître des jeunes femmes dans la région depuis plusieurs mois. Ce téléfilm aurait largement mérité d’être diffusé au cinéma. Il s’agit d’un excellent thriller, tendu, étouffant et dont on imagine pas du tout les rebondissements successifs. C’est très bien fait et le face à face entre Eric Cantona et Stéphane Freiss est grandiose. Pour info, un remake cinéma est en préparation avec Nicolas Cage dans le rôle de Richard. Plus de détails sur AlloCiné.
- Les Anonymes (un pienghjite micca). 🙂 Pierre Schoeller qui m’avait déjà impressionné par son excellent film « l’exercice de l’Etat » revient à nouveau avec un challenge de taille. Ce téléfilm original, qui est à mi-chemin entre documentaire et fiction, retrace l’affaire Erignac et plus particulièrement la phase policière et judiciaire de l’instruction qui s’est déroulée entre 1997 et 2003. Il s’agit en fait d’un véritable thriller à suspens qui vous tient en haleine du début à la fin. La reconstitution de la longue garde à vue, et de la pression qui a été mise sur les présumés coupables est glaçante, on s’y croirait. Le choix de Pierre Schoeller a été de coller au mieux aux faits, tels qu’ils ont été divulgués tout au long de cette longue période, en respectant scrupuleusement les dates et les noms des protagonistes, tout en se réservant, bien entendu, une part d’imagination au niveau des dialogues. L’introduction de séquences filmées d’époque ne fait que consolider encore plus la crédibilité de cette reconstitution. Ceci étant, il ne faut pas s’attendre à un quelconque parti-pris, en faveur de l’accusation ou de la défense, même si quelques détails ont été plus ou moins passés sous silence (en particulier le rôle du préfet Bonnet et les méthodes de Roger Marion, ces deux-là ne pouvant pas se supporter). De même ne vous attendez pas à une clarification sur qui a effectivement abattu Claude Erignac. Pour terminer, les interprètes sont excellents et d’une extraordinaire crédibilité. Il s’agit, pour la plupart, d’acteurs méconnus, à l’exception de Mathieu Amalric et Olivier Gourmet.
Je sais pas si tu en avais parlé, mais on a vu hier soir « Argo » de Ben Affleck, et il est très très bien !
À ne pas rater quand il passera sur CANAL !