Centenaire d’Albert Camus

Le 7 novembre prochain marquera le centenaire de la naissance d’Albert Camus.

Accueil expo Camus_bisPour l’occasion, une exposition lui est consacrée à Aix en Provence, là où toutes ses archives sont conservées, et non loin de Lourmarin qui fut sa dernière demeure.

Hélas, ceci n’a pas été sans engendrer des polémiques dans lesquelles se sont affrontées des historiens, des philosophes, des écrivains et, bien évidemment aussi… de la politique ! (1)

Pour commencer, 50 ans après la fin de la guerre d’Algérie et la position de Camus, jugée « ambiguë » par certains, les passions ne sont pas encore totalement apaisées, aussi bien du côté Algérien que du côté des rapatriés. Après sa mort prématurée en 1960, l’énigme Camus sur le sujet reste entière, chacun s’ingéniant à imaginer ce qu’il aurait pu dire ou faire s’il avait vécu.

albert_camus_2D’autre part, Camus fait partie de ces intellectuels qui gardent encore leur part d’ombre et de mystère, et à propos de qui les avis ne sont pas tous forcément convergents.

Après avoir vécu des hauts et des bas, Camus redevient très « tendance », avec le risque que sa pensée et son oeuvre soient récupérées « à toutes les sauces ». Comme j’ai pu le lire récemment dans la presse, « Chacun a SON Camus ».

Par ailleurs, commémoration oblige, c’est le temps des hommages avec une tendance inévitable à trop vouloir idéaliser l’homme qu’il était. Au final, ceci risque d’être assez dommageable car Camus était tout sauf un homme exemplaire, lisse et prévisible, et c’est d’ailleurs ceci qui fait tout l’intérêt que l’on peut porter à sa pensée et à son oeuvre. Comme l’a parfaitement bien résumé l’un de ses biographes  : « On est en train de tricoter un Camus exemplaire ». Camus était un homme hors du commun, à la fois simple et d’une terrible complexité, constamment habité par le doute mais, à mon avis, certainement pas un philosophe au sens strict du terme. Camus est avant tout un homme libre, hermétique aux dogmes et idéologies de toutes natures.

camus-livresPour ceux qui voudraient en savoir davantage, vous trouverez sans difficulté de nombreux ouvrages en librairie.

Pour ma part, je pense que celui qui fait encore référence est celui d’Olivier Todd que j’avais eu l’occasion d’évoquer dans un précédent article de ce blog.

Toutefois, à l’approche du centenaire de sa naissance, plusieurs ouvrages sont parus dont ceux de sa fille Catherine Camus (2) mais aussi de l’historien Benjamin Stora et du philosophe Michel Onfray (3).

J’ai ainsi pu repérer les quelques références suivantes :

  • Albert Camus : Solitaire et solidaire (Catherine Camus et Marcelle Mahasela)
  • Albert Camus, citoyen du monde (Sophie Doudet, Marcelle Mahasela, Pierre-Louis Rey et Maurice Weyembergh)
  • Camus brûlant (Benjamin Stora, Jean-Baptiste Péretié)
  • Albert Camus, entre Justice et Mère (José Lenzini et Laurent Gnoni)
  • L’ordre libertaire : la vie philosophique d’Albert Camus (Michel Onfray)
  • Albert Camus, la pensée révoltée (Sven Ortoli)
  • sans oublier : Albert Camus : Une vie (Olivier Todd)
  • ou encore Camus (Herbert Lottman) qui vient d’être réédité récemment.
  • et beaucoup d’autres encore…!

Pour ma part, plus modestement, j’ai acheté récemment deux dossiers parus dans la presse :

  • Albert Camus : La revanche (Le Point)
  • Albert Camus : La révolte et la liberté (Le Monde)

Pour qui souhaiterait « réviser ses classiques », ces deux revues permettent de faire le tour de la vie, la pensée et l’oeuvre de Camus sans avoir nécessairement besoin de se lancer dans la lecture de volumineux ouvrages. L’un comme l’autre sont très documentés et faciles d’accès. Ils font par ailleurs largement appel à des témoignages de tous horizons. A noter que le second (celui du Monde) a également fait l’objet d’une publication sous forme d’une application pour tablette i-Pad avec des bonus multimédia.

Pour terminer, de nombreux internautes ont consacré des articles à Albert Camus dans leurs blogs. Parmi ceux-ci, celui des maisons d’écrivains vient de publier une intéressante biographie de Camus, agrémentée de nombreuses photographies et de quelques documents multimédia, parmi lesquels le fameux discours de remise du Nobel en 1957.

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Notes :

(1) On se souvient, entre autres, du projet de Nicolas Sarkozy en 2010 consistant à rapatrier la dépouille d’Albert Camus au Panthéon à l’occasion du 50ème anniversaire de sa mort. Si sa fille Catherine ne s’y était pas formellement opposée, ce ne fût pas le cas de Jean, son frère jumeau, qui y a opposé un veto catégorique.
(2) C’est elle qui se consacre à plein temps à la gestion de l’oeuvre de son père. A ce titre elle a été l’un des acteurs essentiels dans l’organisation de l’exposition d’Aix et certains lui ont reproché une certaine intransigeance qui aurait contribué aux difficultés de mise en place.
(3) Tous deux chargés successivement de l’organisation de l’exposition d’Aix en Provence puis respectivement limogé et démissionnaire. Il semblerait que les difficultés rencontrées pour organiser cet événement dans le cadre de « Marseille Provence 2013 » soient en partie dues aux personnalités des différents acteurs impliqués, dont Catherine Camus d’une part et la maire UMP d’Aix d’autre part, le tout dans un contexte local fortement marqué par les relents de nostalgiques de l’OAS et d’une partie de l’électorat Pieds noirs.
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1 Response to Centenaire d’Albert Camus

  1. pfck dit :

    Merci pour cette bibliographie. Je me laisserai bien tenter par la nouvelle version de Albert Camus : Solitaire et solidaire.

    Ainsi que par les trois volumes de correspondances (avec Louis Guilloux, Francis Ponge et Roger Martin du Gard) publiés en septembre aux editions Gallimard.

    Et comme vous le soulignez, le choix est vaste, tout le monde trouvera son bonheur 🙂

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