Pour cette première chronique cinéma de l’année 2016, pas mal de bonnes choses et en particulier dans la production française de l’année passée.
Pour preuve, sur dix films, seulement trois sont qualifiés d’un 😐 et aucun de 🙁 ou inférieur.
Il faut toutefois remarquer que la moitié des films sont inspirés d’histoires vraies, ce qui qui n’est pas forcément une mauvaise chose, mais qui est quand même un peu surprenant dans la mesure où l’on s’attendrait peut-être davantage à ce que le cinéma soit une affaire de pure création.
A noter enfin qu’une autre chronique va prochainement suivre celle-ci, elle sera entièrement consacrée à la jeunesse.
Pour mémoire, vous pouvez consulter les chroniques des mois précédents en suivant ce lien.
La signalétique, sur une échelle à 5 niveaux, soit du meilleur au pire :
- La French. 😀 Marseille années 70. L’organisation mafieuse dirigée par Gaëtan Zampa est florissante. Le trafic de drogue bat son plein, prenant en plus une envergure internationale. Originaire de Metz et récemment affecté à Marseille, le juge d’instruction Pierre Michel vient d’être nommé à la tête de la section chargée de lutter contre le grand banditisme. Totalement atypique dans ses méthodes, il décide de s’attaquer à la bande de Gaëtan Zampa et pour cela il noue des relations étroites avec un certain nombre d’officiers de la police, allant jusqu’à intervenir au plus près avec eux. Se considérant jusque-là comme intouchable, Gaëtan Zampa commence à voir d’un mauvais œil l’arrivée de ce petit juge pugnace et aux méthodes inhabituelles. La traque ne va cesser de s’intensifier mais Pierre Michel se met de plus en plus en péril, y compris sa propre famille. Inspiré fidèlement de la véritable histoire du juge Michel, c’est est un retour aux grands films de gangsters qui ont fait les beaux jours du cinéma des années 70 et, de ce point de vue, il ne déçoit absolument pas. Tout y est traité au millimètre, aussi bien dans la reconstitution des faits, que dans les scènes d’action, les décors et le contexte de l’époque, y compris avec une touche d’image qui restitue un peu l’ambiance des films de Verneuil de la même époque. Au-delà de l’affrontement parfaitement crédible entre Jean Dujardin (Michel) et Gilles Lellouche (Zampa), les seconds rôles n’en sont pas moins épatants, qu’il s’agisse des lieutenants de Zampa (Magimel, Todeschini, Gouix, etc.), que des épouses (Sallette, Doutey) et même du maire de Marseille de l’époque Gaston Defferre (Atkine)…! En résumé, c’est un très bon film qu’il faut garder en mémoire, dans la perspective d’une prochaine rediffusion. Plus d’information sur Allociné.
- L’enquête. 😀 Les affaires des frégates de Taïwan, de Clearstream et de quelques autres encore, vous en avez certainement entendu parler mais peut-être ne saviez pas vraiment de quoi il s’agissait réellement, excepté que ceci a provoqué un fameux tohu-bohu dans la classe politique durant la première décennie de ce siècle. En fait, tout a commencé avec Denis Robert (interprété par Gilles Lellouche), un journaliste d’investigation du journal Libération qui s’est intéressé, dès 2001, aux malversations de la finance et qui, suite à un désaccord avec son journal, est devenu indépendant et a enquêté avec opiniâtreté dans les ramifications de la finance et les activités on ne peut plus opaques d’un organisme luxembourgeois dénommé Clearstream. Son premier livre « Révélation$ » agit comme un coup de tonnerre. Conjointement, le juge Renaud Van Ruymbeke (interprété par Charles Berling) s’intéresse également à la corruption et son chemin va se croiser avec celui de Denis Robert. Ce film est tout à la fois un thriller haletant et un documentaire très pédagogique qui permet de mieux comprendre tout cet imbroglio politico-financier dont on a pas forcément saisi toutes les ficelles. Je pense même que de le regarder une seconde fois pourrait s’avérer utile pour encore mieux synthétiser. Réalisé par Vincent Garenq, dont j’avais beaucoup aimé « Présumé coupable » (inspiré de l’affaire d’Outreau) ce film mérite vraiment que l’on s’y intéresse. La reconstitution des faits est d’une parfaite fidélité même si quelques fioritures ont été semble-t-il ajoutées pour les besoins de la scénarisation. Plus d’information sur Allociné.
- Respire. 🙂 Charlie est une jeune fille dont la vie se déroule, sans trop d’histoire, entre des parents en pleine crise de séparation d’une part, et son lycée avec la bande de copains d’autre part. C’est alors qu’arrive Sarah, une jeune fille charismatique qui s’impose très rapidement auprès de ses camarades, aussi bien par sa beauté, que par son aisance, son culot, son côté provoc et le parcours qu’elle dit avoir vécu et qui fait rêver autour d’elle. Charlie est éblouie par Sarah et n’a qu’une obsession, devenir sa meilleure amie. De son côté Sarah se montre plutôt affectueuse avec Charlie mais elle sait aussi se montrer fantasque et un brin perverse en mettant à l’épreuve la jalousie de Charlie, laquelle souffre de plus en plus de cette situation, d’autant plus qu’elle se rend compte que la véritable histoire de Sarah n’est pas aussi reluisante que cette dernière veut bien le laisser croire. Avec ce film, Mélanie Laurent signe une oeuvre sensible sur l’adolescence et la fragilité affective des jeunes vis à vis de leurs rapports avec les autres. Si certains ont pu faire un parallèle avec « La vie d’Adèle », je pense au contraire que « Respire » n’a rien à voir avec cet autre film lequel traitait il est vrai d’un contexte similaire mais davantage centré sur le sujet de l’homosexualité. Si Joséphine Japy et Lou de Laâge s’en tirent parfaitement bien dans les rôles respectifs de Charlie et Sarah, je trouve que les adultes sont nettement moins convaincants à commencer par Isabelle Carré que j’ai trouvée nettement mieux inspirée dans beaucoup d’autres films. En revanche les seconds rôles chez les jeunes sont bien plus naturels. Plus d’information sur Allociné.
- L’affaire SK1. 😀 Début des années 90, Franck Magne est un jeune inspecteur qui vient d’être affecté au prestigieux 36 du quai des orfèvres. Il est intégré dans une équipe qui a eu à investiguer à plusieurs reprises sur des assassinats de jeunes femmes dans l’est parisien sans jamais aboutir. L’inspecteur Magne est justement chargé d’une nouvelle affaire du genre et il se lance dans l’étude de l’ensemble des dossiers similaires qui n’ont pas pu être élucidés. S’il bénéficie de l’appui de son chef de service et de ses collègues directs, il se heurte en revanche aux petites bisbilles qui sévissent entre les équipes, chacune gardant jalousement ses informations afin que d’autres ne puissent pas les exploiter et s’en prévaloir, ou qui risqueraient au contraire de mettre le doigt sur des erreurs de procédure. Avec obstination et méthode, Franck Magne va petit à petit dessiner les contours du criminel qu’il estime être l’auteur de tous ces assassinats. Au bout du compte, presque 10 ans plus tard, Guy Georges sera démasqué, arrêté, traduit en justice et incarcéré à vie. Raconté comme ceci, ce film ne pourrait apparaître que comme l’un de ces films ou téléfilms qui se bornent à reconstituer la chronologie d’une affaire judiciaire, ou encore comme certaines émissions TV qui le font en mode narratif. En fait, tout l’intérêt de « L’affaire SK1 » réside dans l’astucieuse mise en scène qui alterne entre l’enquête policière et la phase judiciaire au moyen de savants flash-back, lesquels vous tiennent sans cesse en haleine. Ceci se regarde comme un thriller et, comme le dit une critique de Télérama, on peut y trouver une sorte de similitude avec le film « Zodiac » de David Fincher mais également avec le film « L.627 » de Bertrand Tavernier car, comme ce dernier, il nous en dit long sur les conditions de travail de la police d’investigation des années 90. Le casting est impeccable avec en tête Raphaël Personnaz dans le rôle de l’inspecteur Magne, sans oublier l’excellent Olivier Gourmet (son collègue) et Nathalie Baye en avocate partagée entre la sinistre réalité et la défense de Guy Georges. Enfin, ce dernier est magistralement interprété par Adama Niane, un comédien qui m’était jusque-là inconnu. Il donne une profondeur toute particulière à la psychologie de cet homme et à son parcours qui l’a mené à devenir ce monstre. Plus d’information sur Allociné.
- Capitaine Phillips. 😀 Nous sommes en 2009. Richard Phillips, officier de la marine marchande américaine, s’apprête à prendre l’avion pour un port du moyen orient où il va prendre le commandement d’un cargo qui doit mener sa cargaison au large de la côte est de l’Afrique. Quelques temps après avoir pris la mer, au niveau des côtes somaliennes, deux embarcations sont détectées sur le radar de bord. Il s’agit vraisemblablement de pirates, comme il y en a beaucoup en cette région, commandités par leurs tribus avides d’argent pour continuer à mener leurs guerres tribales. Après avoir tenté vainement de refouler les assaillants avec des lances à incendie, ces derniers finissent par investir le bateau et c’est alors un long bras de fer de négociation qui commence entre Muse, le chef des pirates, et le Capitaine Phillips. Celui-ci essaie de temporiser au maximum afin de gagner du temps en attendant une éventuelle aide des forces armées postées dans cette immense région maritime. Les choses évoluent de plus en plus mal et Phillips finit par être pris en otage dans une embarcation de survie. De longues heures d’attente, dans une tension grandissante, vont alors se dérouler. Paul Greengrass déjà auteur des mémorables aventures de « Jason Bourne », de « Bloody sunday », de « Vol 93 » ou encore de « Green zone », et bien d’autres encore, nous emmène ici, à partir d’une histoire bien réelle, dans un grandiose et oppressant thriller maritime qui nous tient en haleine 2 heures durant sans répit. Il y a là-dedans du spectaculaire certes, de l’action bien évidemment, mais aussi de l’humain, du psychologique, du politique, du géopolitique… Bref, c’est un grand film qu’il faut voir. Pour interpréter Richard Phillips, Tom Hanks est au sommet de son art pour donner cette humanité au rôle jusque dans les scènes les plus tendues. A noter également les performances remarquables des acteurs (pour la plupart inconnus du grand public) qui interprètent les rôles des rebelles. Enfin, les scènes d’assaut en haute mer et la phase finale sont particulièrement spectaculaires. Plus d’information sur Allociné.
- Démineurs. 🙂 Début des années 2000 en Irak, l’armée américaine met en oeuvre des unités de déminage car elle est en proie à des poseurs de bombes, y compris dans les quartiers civils. Lors d’une opération complexe, le chef de l’une de ces unités perd la vie. Quelques temps plus tard, un nouveau chef arrive en la personne du sergent William James. Personnage atypique, aux méthodes expéditives, il intrigue et inquiète ses coéquipiers car il les engage souvent dans des missions périlleuses sans trop prendre de précaution. Véritable « tête brûlée » il se plait visiblement dans cette provocation constante de la mort qu’il ne semble pas redouter. A la limite on se demande si ce métier de l’extrême n’est pas une addiction qui ferait qu’il ne pourra jamais revenir un jour à la vie civile. Ce film, largement primé, nous plonge dans un univers surréaliste des combattants américains pendant cette drôle de guerre en Irak. Hormis le portrait d’un homme totalement atypique, « Démineurs » se présente davantage comme une chronique documentaire émaillée de scènes d’actions spectaculaires et glaçantes. Il n’empêche que tout ceci vous scotche dans votre fauteuil, de la première à la dernière minute. De Kathryn Bigelow, j’ai personnellement préféré « Zero Dark Thirty » dans la mesure où il déroulait une véritable action dans sa chronologie. En conclusion, ce film est un bon film de guerre et il nous laisse, sans aucun doute, à réfléchir tant sur la guerre en elle-même que sur la psychologie de ceux qui en sont les acteurs. Plus d’information sur Allociné.
- American sniper. 😐 Chris Kyle est un texan qui était plutôt destiné à devenir cow-boy mais il a fini par s’engager dans la Marine des Etats-Unis, en grande partie par pure fibre patriotique. Après les attentats de 2001, son engagement s’est prolongé en Irak où il a effectué plusieurs missions comme tireur d’élite chargé de protéger ses camarades de combat. Doté d’une remarquable maîtrise, il s’est montré particulièrement performant pour neutraliser des cibles à des distances phénoménales. Ses exploits l’ont petit à petit rendu célèbre au point que ses camarades l’ont surnommé « La légende ». De même dans le camp adverse il est devenu un homme à abattre sous le surnom de « diable de Ramadi ». A chaque retour de mission, Chris ne peut s’empêcher de penser à ses camarades en Irak et, par pur patriotisme, il n’hésite pas à rempiler au détriment de sa vie familiale qu’il n’hésite pas à mettre en péril. Le hasard a voulu que je regarde ce film à quelques jours d’intervalle avec « Démineurs » évoqué ci-avant et je ne peux pas m’empêcher de les comparer. En fait, « American sniper » en diffère par le fait qu’il raconte la véritable histoire de Chris Kyle, un personnage de légende pour beaucoup d’américains. En revanche, les deux films sont assez semblables dans leur forme puisqu’il s’agit d’un même contexte, des mêmes lieux et de héros hors norme dans les deux cas, quoique psychologiquement très différents. Ce qui distingue ce film de Clint Eastwood c’est peut-être son côté un peu trop populo-patriotique qui n’apparaît pas chez Katryn Bigelow, laquelle ne s’en tient qu’au portrait d’un homme désabusé et cynique face à cette sale guerre. Au contraire, Eastwood ne résiste pas à ce côté propagandiste et populiste à la gloire de la grande Amérique triomphante et de ses héros que l’on vénère sous la bannière étoilée. Ceci étant dit, il ne faut pas oublier que Chris Kyle était avant tout un réac de moralité douteuse, une sorte psychopathe qui se disait être un « croisé de Dieu » pour qui « la violence résout tous les problèmes » (cf. cet article), toutes choses dont le film évite soigneusement de parler. Au final, je crois que je préfère nettement « Démineurs » et son personnage de William James qui me paraît nettement plus attachant. Plus d’information sur Allociné.
- La famille Bélier. 😐 Gigi et Rodolphe Bélier sont agriculteurs et fiers de l’être. Ils ont deux enfants, Paula et Quentin. Ce qui caractérise cette famille, c’est qu’ils sont tous sourds et muets, à l’exception de Paula, laquelle sert d’interprète et doit donc s’impliquer dans la gestion de l’exploitation agricole. Tout ce petit monde vit dans la joie et le bonheur et ils sont appréciés par leur entourage. Au lycée, dans le cadre des activités artistiques, Paula se trouve par hasard dans le groupe de chant dirigé par Monsieur Thomasson, un professeur à la fois tyrannique et désabusé. Il va toutefois repérer rapidement le timbre de voix exceptionnel de Paula et il envisage de l’inscrire au concours de la maîtrise de Radio-France. Si elle y réussissait, elle pourrait alors continuer ses études à Paris mais ceci signifierait de ne plus être auprès de ses parents, et donc de ne plus pouvoir jouer ce rôle d’auxiliaire de communication, d’autant plus que, entre temps, Rodolphe a décidé de se présenter à la tête d’une liste d’opposition pour les prochaines élections municipales. Tout ceci est sympa comme tout mais en dépit d’un contexte inattendu, l’affaire est par la suite un peu tirée par les cheveux et dégouline de bons sentiments. Karine Viard et François Damiens en font des tonnes pour jouer les paysans d’opérette et le résultat est plutôt affligeant. La bonne surprise est peut-être du côté de Louane, la jeune interprète de Paula, qui tire plutôt bien son épingle du jeu. Pour conclure, il n’y a pas de quoi se faire « pêter les méninges » avec cette comédie gentillette et nous l’oublierons certainement assez vite en dépit du succès qu’elle a obtenu au box-office. Plus d’information sur Allociné.
- Valentin Valentin. 🙂 Dans cet immeuble d’un quartier calme de Paris, tout le monde connaît plus ou moins tout le monde, de la gardienne au rez de chaussée avec son mari cantonnier, au trois jeunes étudiantes du 5ème, en passant par la vieille femme alcoolique recluse dans son appartement. Mais parmi tout ce petit monde, il y a Valentin, un jeune homme plutôt bien né qui vit de la fortune dont il a hérité et dont la vie se déroule paisiblement entre sa mère un tantinet fofolle, sa maîtresse insatiable, les étudiantes du 5ème et la gardienne de l’immeuble qui lui tournent autour, et surtout la jeune, belle et énigmatique asiatique qui habite dans le pavillon d’en face et qui semble porteuse d’un secret qui excite au plus haut point la curiosité de Valentin. Tout ceci ne pourrait être que très banal si Valentin n’avait pas été retrouvé assassiné, dans le parc voisin. Qui pouvait bien vouloir du mal à ce garçon charmant ? La fête de crémaillère qu’il avait organisé peu avant apporterait-elle un début d’explication ? comme dans une sorte de Cluedo, toutes les pistes sont à étudier. D’une manière générale je ne suis pas un inconditionnel de Pascal Thomas mais avec ce film, à la fois joyeux et parfois grave, à son ambiance décalée, et grâce à des comédiens épatants qui ne boudent pas leur plaisir, j’ai finalement passé un agréable moment. Plus d’information sur Allociné.
- A trois on y va. 😐 Dans les faubourgs de Lille, Micha et Charlotte sont jeunes, insouciants et amoureux. Ils viennent d’emménager dans leur nouvelle maison. Pour sa part, Mélodie est une jeune avocate, célibataire, et amie du couple. Enfin, et surtout, Charlotte et Mélodie nourrissent une tendre amitié qui peut s’apparenter à de l’amour, mais en toute discrétion, au point que Micha ne se doute de rien. Toutefois, se sentant quand même un peu délaissé par Charlotte, il finit par la tromper avec… devinez… Mélodie ! Cette dernière ne sait plus vraiment que faire entre ses deux amours, sa culpabilité et son métier d’avocate (le plus souvent commisse d’office) qui ne l’enchante pas plus que ça. Tout le reste ne va être qu’un vaudeville charmant, émaillé de situations cocasses, de quiproquos, etc. Bref, cela se laisse regarder mais franchement, si ce n’était la belle composition du casting constitué d’Anaïs Demoustier, Felix Moati et Sophie Verbeeck, tous les trois adorables chacun dans leur rôle, il n’y a pas de quoi crier au chef d’oeuvre. De Jérôme Bonnell, j’avais beaucoup aimé son avant dernier film « Le temps de l’aventure ». Avec celui-ci, la barre est positionnée nettement plus bas. Plus d’information sur Allociné.