Notes de lecture de l’été

Récemment, je vous faisais part de deux coups de cœur en matière de littérature avec deux très bons romans espagnols, l’ombre du vent de Carlos Ruiz Zafón et La tristesse du Samouraï de Victor del Arbol.

Parmi les autres livres que j’ai eu l’occasion de lire ces derniers mois, voici quelques notes rapides sur quatre autres bouquins.

    • Une putain d’histoire de Bernard Minier. Tout au nord-ouest des Etats-Unis, sur une île du Pacifique battue par les vents et la pluie 9 mois de l’année, vit une petite communauté où tout le monde connaît tout le monde. La vie routinière des habitants de l’île vient d’être perturbée par la mort d’une jeune fille retrouvée noyée et enroulée dans un filet de pêche sur une plage. Henry, jeune homme de 17 ans, et petit ami de la victime, se retrouve rapidement soupçonné par la police et harcelé sur les réseaux sociaux. Toutefois, au jeu des ragots, les discussions vont bon train dans ce petit microcosme et personne ne peut se targuer d’avoir une vie exemplaire au dessus de tout soupçon. A des milliers de kilomètres de là, un homme puissant, qui a fait fortune dans le monde de la cyber sécurité, charge son homme de main de retrouver une femme qu’il a connue autrefois et dont il est persuadé qu’elle a eu un enfant de lui. Dans ce quatrième roman, Bernard Minier nous emmène dans un univers totalement différent de celui des trois précédents (1). Ici, par de commandant Servaz, pas de psychopathe Hirtmann. Après un démarrage un peu laborieux, où on se demande un peu où l’auteur veut nous amener, le mystère s’épaissit peu à peu et petit à petit, puis crescendo, on finit par se retrouver happé par cette histoire de plus en plus glauque et quelque peu malsaine, et ceci ainsi de suite au fil des quelques 500 ou 600 pages, jusqu’à un dénouement auquel on ne s’attend pas du tout, sinon que l’on subodore tout au plus qu’à quelques dizaines de pages de la fin. Comme certains critiques l’on noté, il y aurait en effet presque du Stephen King dans cette histoire. Au final donc, un bon bouquin mais qui nécessite qu’on ne jette pas l’éponge dès les 100 ou 200 premières pages durant lesquelles on aurait en effet un peu tendance à s’ennuyer.
    • Nymphéas Noirs de Michel Bussi. Giverny, petite localité de Normandie où Claude Monet a vécu pendant plus de 40 ans et où il a immortalisé, entre autres, les fleurs de son jardin dont les fameux nymphéas. Dans ce petit village envahi régulièrement par les touristes, un meurtre vient d’être commis. La victime est un ancien médecin résidant à Giverny. Les deux policiers chargés de l’affaire, Sérénac et Bénavidès, vont rapidement découvrir que l’homme était un coureur de jupons invétéré et il est possible que l’une de ses conquêtes soit la belle et jeune institutrice Stéphanie Dupain dont Sérénac va tomber sous le charme. Par ailleurs, issue d’un milieu modeste, Fanette, du haut de ses onze ans, vit seule avec sa mère et rêve de peindre un jour comme Monet. Elle est d’ailleurs très douée pour cela et s’est liée d’amitié avec James un américain également fou de peinture qui s’est installé à Giverny. Enfin, tout en haut de son manoir, bien fermé à double tour, une vieille femme acariâtre passe son temps à tout observer et à faire des commentaires peu amènes sur tout et tout le monde. Ecrit de manière plaisante et spirituelle, ce bouquin est construit comme un roman policier mais avec cette particularité consistant à ce que l’intrigue policière soit sans cesse croisée avec le point de vue acide et sans concession d’une narratrice aigrie et venimeuse en la personne de la vieille femme du manoir. On se laisse entraîner dans cette histoire sans s’en rendre compte jusqu’au final où l’on s’aperçoit tout à coup que l’on s’est bien fait bluffer. C’est le premier roman de Michel Bussi que j’ai lu mais je le classe immédiatement dans les bonnes références si je devais être amené à en conseiller. N’hésitez pas à lire ce bouquin, il vous enchantera sans aucun doute.
    • Central Park de Guillaume Musso. La veille, Alice, jeune femme officier du 36 quai des orfèvres, faisait la fête à Paris en écumant les bars des Champs Elysées avec ses copines. Comment se peut-il qu’elle se retrouve ce matin à New York, sur un banc de Central Park, menottée avec un inconnu qui se dit être américain, pianiste de jazz, s’appeler Gabriel et avoir été en concert la veille à Dublin ? Ils n’ont aucun souvenir, ni l’un ni l’autre, de ce qui s’est passé durant les quelques heures qui ont précédé. Qui les a amenés ici en si peu de temps ? De qui est le sang qui souille le chemisier d’Alice ? Que signifient les numéros écrits dans la paume de sa main et ceux gravés au cutter dans le bras de Gabriel ? Pourquoi Alice a un pistolet qui n’est pas le sien et auquel il manque une balle dans le chargeur ? Et encore tout un tas d’autres détails troublants. Alice, en femme d’action déterminée, va prendre l’initiative pour qu’ils se sortent rapidement de cette situation ubuesque. Il va s’en suivre une sorte de road movie palpitant où il vont aller de découvertes en découvertes, où Gabriel va finir par avouer qu’il est en fait lui aussi policier du FBI et qui plus est sur la piste d’un dangereux tueur en série, lequel pourrait bien être le même que celui qu’Alice à traqué pendant des années auparavant et dont elle a été la victime d’une tentative d’assassinat. Vous n’allez pas lire ce livre, vous allez le dévorer… C’est une véritable addiction et vous n’allez pas être au bout de vos surprises. C’est bien écrit, cela se lit tout seul et vous allez plonger dans une intrigue dont vous n’imaginez pas un seul instant qu’elle va en être l’issue. Pas d’hésitation, c’est un excellent thriller.
  • Le temps est assassin de Michel Bussi. En cet été 1989, la famille Idrissi quitte le Vexin pour aller passer quelques semaines de vacances dans le camping de la presqu’île de la Revelatta près de Calvi. C’est l’occasion, comme chaque année, de rendre visite à la famille de Paul, lequel a épousé Palma, une belle Hongroise certes, mais qui n’est que tolérée dans ce milieu aux traditions bien ancrées, n’ayant pas, hélas, l’honneur d’être du pays. Les enfants, Nicolas 18 ans et Clotilde 15 ans profitent d’un peu de liberté pour retrouver les jeunes vacanciers habitués du camping chaque année. Un soir de sortie en famille pour aller à un concert, sur la route tortueuse en corniche au dessus de la mer, la voiture rate un virage et tombe dans le précipice. Paul, Palma et Nicolas sont tués sur le coup, seule Clotilde en sort presque indemne. 27 ans plus tard, Clotilde revient pour la première fois au camping avec son mari et sa fille elle-même âgée de 16 ans, lesquels sont plus ou moins indifférents à la démarche de souvenir qui semble animer fortement Clotilde. Cela ne va pas s’arranger lorsque Clotilde reçoit une lettre écrite par sa mère, ce qui laisse à penser implicitement que cette dernière serait encore vivante. Alors que son entourage incrédule tente de la dissuader de prendre au sérieux ce qui semble être une mauvaise blague, Clotilde va n’avoir de cesse que de retourner vers le passé, de retrouver les témoins de l’époque et de découvrir déjà que les circonstances de l’accident ne sont pas claires du tout. Elle va ainsi, petit à petit, tirer le fil de la pelote et dénouer des secrets de famille, des non dits et autres rancœurs. Voici à nouveau un livre de Michel Bussi (2) qui se révèle être passionnant, conçu comme une sorte de thriller familial sur fond de traditions Corses. Cela se lit très facilement, c’est bien écrit, c’est spirituel et avec de l’humour. L’originalité tient surtout au fait que, de chapitre en chapitre, on alterne entre 1989 en lisant le journal intime de la jeune Clotilde, et 2016 avec sa quête 27 ans plus tard pour obtenir la vérité. Cela contribue grandement à maintenir le souffle de l’intrigue. Par ailleurs, pour qui connaît cette région, les paysages y sont parfaitement décrits. Ceci étant, Michel Bussi a un peu rompu le charme en imaginant une fin totalement abracadabrante alors que tout le reste du récit avait été jusque-là plutôt cohérent. C’est infiniment dommage. Ceci étant, il ne faut pas que cela vous empêche de lire ce bouquin à condition de refaire l’histoire dans votre tête pour les 20 ou 30 dernières pages…!

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(1) J’ai déjà eu l’occasion de parler de Bernard Minier dans cet article consacré à son premier roman « Glacé ». Il a été suivi par deux autres intitulés respectivement « Le cercle » et « N’éteint pas la lumière » qui mettent en scène les mêmes personnages. Cette trilogie est très intéressante à lire. A noter que, récemment, un nouvel opus intitulé « Nuit » vient de sortir qui reprend les mêmes personnages que les trois premiers.

(2) Michel Bussi a écrit de nombreux romans et il semblerait que la critique soit quasiment unanime pour dire que « Nymphéas Noirs » soit le meilleur de son oeuvre. Pour ma part je ne l’ai pas lu mais beaucoup pensent aussi que « Un avion sans elle » arriverait en second.

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