Cela faisait quelques mois que je n’avais pas alimenté ma rubrique cinéma avec les chroniques habituelles. Ceci s’explique en grande partie par le fait que mes activités ont été telles que le cinéma et la télévision sont un peu passés en seconde priorité. Par ailleurs, comme c’est souvent le cas, les périodes estivales ne sont pas forcément propices à cela.
Voici donc sept films qu’il m’a été donné de voir durant cette longue période et, autant ceux de la chronique précédente n’avaient pas fait l’objet d’un très grand intérêt de ma part (à deux ou 3 exceptions près), autant ceux qui suivent méritent que l’on s’y intéresse vraiment. Hormis le film d’André Téchiné que je ne gratifie que d’un 2/5, tous les autres décrochent allègrement un 4 ou un 5.
Je vous souhaite une bonne lecture et surtout n’hésitez pas à réagir en me faisant part de vos propres avis, soit par un courriel soit en postant directement un commentaire associé à cet article.
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- Nos futurs. 🙂 Yann Kerbec, la trentaine florissante, déroule une vie bien installée entre une épouse adorable et attentionnée, une maison bourgeoise confortable, une charge d’officier de justice héritée de Papa, et plein d’amis charmants mais peut-être un peu superficiels. Ce soir là, justement, il les reçoit pour fêter son anniversaire. Tout ceci aurait pu continuer ainsi si, par le plus grand des hasards, il n’avait croisé Thomas, un de ses meilleurs amis du temps où ils étaient au lycée et qu’ils menaient une vie joyeuse au sein d’une petite bande de copains qui n’engendraient pas la mélancolie. Autant Yann est devenu ce garçon un peu trop sérieux et bien rangé, autant Thomas vit encore dans une certaine insouciance, enchaînant les petits boulots et vivant dans un logement plus ou moins précaire. Il semble ne pas avoir été touché par le temps et continue à raisonner et à vivre comme 15 ans auparavant. C’est alors que Thomas propose à Yann de retrouver tous leurs camarades de lycée afin de faire une grande fête comme autrefois. De rencontres en rencontres, ils vont réaliser que le temps est vraiment passé et que tout le monde a bien changé. Comme tous les films de Rémi Bezançon, celui-ci nous touche une fois de plus car il nous ressemble du fait qu’il parle plus ou moins de nous, sinon de ceux qui nous entourent. Ici, comme dans « Le premier jour du reste de ta vie » ou « Un heureux événement » voire même de « Ma vie en l’air », autant de films dont j’ai déjà eu l’occasion de parler dans ces rubriques, les héros ordinaires de Bezançon nous émeuvent tant ils nous paraissent proches. Soutenu par Pierre Rochefort (Yann) et surtout par l’excellent Pio Marmaï (Thomas), ce film mérite qu’on le signale, même s’il ne s’agit peut-être pas du meilleur que son auteur ait réalisé. Plus d’information sur Allociné.
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- Médecin de campagne. 🙂 Jean-Pierre Werner (François Cluzet) est médecin dans une région rurale un peu isolée du centre de la France. Il a consacré toute sa vie à soigner ces gens humbles auxquels il s’est attaché et qui le lui le rendent bien. Jean-Pierre vit seul, son mariage n’a pas survécu à cette vie de quasi-sacerdoce. De temps à autres son fils vient lui rendre de brèves visites. Ainsi va la vie jusqu’au jour où il est pris de malaises qu’il identifie rapidement comme précurseurs d’une tumeur cérébrale. Il va ainsi se résoudre à aller se faire soigner dans l’hôpital de la ville la plus proche, tout en continuant d’exercer son métier, mais avec de plus en plus de difficultés qu’il prend soin toutefois de ne pas faire état. Face à son obstination, le professeur qui le soigne décide de quasiment lui imposer l’aide d’un remplaçant. Nathalie Delezia (Marianne Denicourt), ex-infirmière ayant repris ses études pour devenir médecin, et tout juste sortie de l’internat, ne souhaite plus exercer à l’hôpital. C’est ainsi que son patron de thèse va la recommander afin qu’elle aille seconder Jean-Pierre Werner. Lorsqu’elle débarque ainsi à l’improviste, ce dernier ne l’attend pas du tout et l’accueil est plutôt glacial. Mais Nathalie ne s’en démonte pas pour autant et la cohabitation a fini par se mettre en place, même si Jean-Pierre n’épargne rien à cette jeune collègue afin de la décourager en la mettant dans des situation difficiles sans la moindre mise en garde. Petit à petit, à défaut de mieux, ces deux là vont apprendre à s’apprivoiser et à s’apprécier. La pugnacité de Nathalie et ses compétences vont bluffer Werner tandis qu’elle œuvrera, mine de rien, pour qu’il lâche un peu et se concentre sur sa guérison. Voici un excellent fil de Thomas Lilti dont j’avais déjà eu l’occasion de parler à propos de son précédent film « Hippocrate ». Ici, tout semble plus vrai que nature et il se dégage un grand humanisme dans cette histoire a priori banale qui se déroule plus comme une chronique de la vie ordinaire que comme une véritable fiction dramatique. En dépit de quelques invraisemblances qui n’échapperont peut-être pas au monde médical, ce film est très bien fait, émouvant et d’une très grande justesse. Cluzet y est époustouflant aux côté d’une Marianne Denicourt qui maîtrise parfaitement son jeu tout comme elle l’avait d’ailleurs déjà montré avec « Hippocrate » dans le rôle de chef de clinique. S’agissant enfin des seconds rôles, ils sont bluffants de naturel et de vérité. Plus d’information sur Allociné.
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- Au nom de ma fille. 🙂 Dans les années 70, André Bamberski, son épouse Danièle et leurs deux enfants vivent au Maroc où il dirige une petite entreprise. Ils se lient d’amitié avec Dieter Krombach un médecin d’origine allemande qui finit par séduire Danièle. André s’en rend compte et, sur la promesse de son épouse de mettre fin à cette liaison, ils décident de revenir en France. Rapidement, Danièle renoue malgré tout avec Krombach et c’est la séparation du couple. Elle part s’installer en Allemagne avec son amant. Une dizaine d’années plus tard, Bamberski apprend la mort de sa fille Kalinka. Elle avait 14 ans et passait ses vacances en Allemagne auprès de sa mère et de son beau-père le docteur Krombach. Rapidement, les circonstances de la mort de Kalinka paraissent de plus en plus suspectes. L’attitude de Krombach ainsi qu’une autopsie troublante laissent beaucoup de questions sans réponse, y compris une suspicion de viol. Persuadé de la culpabilité de Krombach, Bamberski va tenter d’en savoir plus mais il se heurte à la justice allemande, laquelle va rapidement opter pour ne pas donner suite et accréditer la thèse de la mort accidentelle. Obsédé par la recherche de la vérité, Bamberski décide de passer outre les décisions de justice et il continuera ainsi le combat pendant 27 années en prenant tous les risques, y compris celui de commanditer l’enlèvement de Krombach. Avec ce film, Vincent Garenq se consacre une fois de plus à une affaire judiciaire hors norme tout comme il avait traité auparavant avec brio les affaires d’Outreau et de Clearstream respectivement dans « Présumé coupable » et « L’enqête » que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer dans des chroniques antérieures. Le résultat est à la hauteur quoique légèrement en retrait par rapport aux deux films précédents. Ceci étant, la narration des faits est parfaitement millimétrée et nous tient en haleine jusqu’à la fin, même si nous en connaissons l’issue. Côté interprétation, Garenq ne s’est pas trompé en choisissant Daniel Auteuil pour incarner un André Bamberski porté par une force morale fiévreuse qui nous laisse pantois. A ses côté, Marie-José Croze et Sebastian Koch s’en sortent un peu moins bien. Plus d’information sur Allociné.
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- La vie très privée de Monsieur Sim 😀 François Sim (Jean-Pierre Bacri) est une sorte de « looser » chronique, ou tout du moins c’est ce qu’il pense de lui-même. Sa femme l’a quittée, il n’arrive pas à établir un lien correcte avec sa fille adolescente, pas plus qu’avec son père parti au fin fond de l’Italie. En plus François s’est fait virer de son boulot. Parfois il en serait même à se demander s’il ne porterait pas un peu la poisse à ceux qui le côtoient. C’est alors qu’on lui propose une mission consistant à sillonner les routes de France pour visiter les cabinets dentaires afin de faire la promotion d’une brosse à dents révolutionnaire. Pour Monsieur Sim, c’est le début d’une longue épopée solitaire durant laquelle il va souvent se confier à celle qu’il appelle Emmanuelle et qui n’est autre que la voix de son GPS. Ainsi, petit à petit, le road trip de Monsieur Sim va lui permettre de s’égarer par rapport à sa mission initiale et de retrouver d’anciennes connaissances, d’enlever temporairement sa fille, de faire des rencontres improbables, et au bout du chemin de retrouver ses racines, son humanité et peut-être au final une meilleure opinion de lui-même. Michel Leclerc nous livre ici un film d’une très grande sensibilité où la drôlerie côtoie sans cesse la gravité de la situation de grande solitude à laquelle nous sommes parfois confrontés. Si tout ceci est construit comme une fable contemporaine douce-amère, il s’en dégage malgré tout une grande délicatesse des sentiments qui nous fait vraiment aimer cet anti-héros qu’est Monsieur Sim. Auteur du très bon fil « Le nom des gens » que j’avais particulièrement apprécié, Michel Leclerc sait s’y prendre pour nous proposer des histoires attachantes qui ne sont ni plus ni moins que le reflet de ce que nous sommes finalement peu ou prou. Que dire d’autre sinon que la distribution est un régal autour de Jean-Pierre Bacri magistral et attachant sans oublier l’excellent Mathieu Amalric et tous les autres. Plus d’information sur Allociné.
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- Julietta. 😀 Julieta, est une quinquagénaire un brin désabusée et mélancolique qui vit à Madrid mais qui se prépare à quitter la ville pour s’installer le Portugal avec son compagnon. Tout à fait par hasard, elle croise dans la rue Beatriz, une jeune femme qui fût l’amie d’enfance de sa fille Anita laquelle a disparu soudainement il y a de nombreuses années sans aucune explication. Beatriz annonce à Julieta qu’Anita est bien vivante, qu’elle vit en Suisse, est mariée, a deux enfants et, qui plus est, se trouvait encore récemment à Madrid. Cette révélation va bouleverser complètement les projets de Julieta, laquelle renonce à quitter Madrid dans l’espoir de retrouver cette fille disparue depuis si longtemps. C’est ainsi que cette mère meurtrie qui avait fini par se faire plus ou moins une raison se remémore son passé et se lance alors dans une fiévreuse reconstitution qu’elle raconte en l’écrivant au travers de nombreuses lettres à l’intention de sa fille. On apprend ainsi ce que fût la vie de Julieta depuis qu’elle était toute jeune femme et qui, par un concours de circonstances, a rencontrée puis est tombée follement amoureuse de Xoan un marin pêcheur de Galice qui est le père d’Anita et qui a disparu en mer dans des circonstances qui laissent un fort sentiment de culpabilité à Julieta. On verra aussi Julietta retrouver son père, qui a refait sa vie après le décès de son épouse, et évoquer cette mère devenue folle. Ainsi va ce superbe film d’Almodovar dans une quête infinie vers le passé mais dans l’espoir de reconstruire un futur où Julieta retrouvera peut-être sa fille et comprendra peut-être aussi pourquoi celle-ci a décidé de tout rompre brutalement. Contrairement à beaucoup de ses œuvres, Almodovar adopte ici un ton et une forme beaucoup plus conventionnels, nettement moins exubérants, tout en retenue et en intimité. En revanche, comme à chaque fois, on reste un peu interloqué au moment du générique de fin, on ne sait pas trop qu’en penser puis, petit à petit, le temps passant, le déclic opère et c’est là qu’on se dit… Waouhhh ! c’est puissant ! et on a déjà envie de le revoir dès que l’occasion se présentera car il y a certainement plein de petites choses à côté desquelles nous sommes passés. Bref, ce n’est peut-être pas encore au niveau de « Parle avec elle » ou de « Volver » mais… nous n’en sommes pas très loin. Plus d’information sur Allociné.
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- Rosalie Blum. 🙂 La vie de Sébastien Machot est réglée comme un métronome. Les jours se suivent et se ressemblent, entre sa mère possessive, chez qui il vit encore, son salon de coiffure vieillot dont il a hérité de son père, son chat, une hypothétique fiancée qui ne cesse de se défiler, et un cousin expert en séduction qui ne cesse de lui prodiguer des conseils. Un soir, en quête d’un produit alimentaire pour satisfaire un nouveau caprice de sa mère, il se rabat sur une petite épicerie de quartier tenue par Rosalie Blum, une femme plutôt mystérieuse et réservée mais dont il est quasiment certain de l’avoir rencontrée dans le passé sans pouvoir toutefois dire où et quand. Dès lors il ne va avoir de cesse de suivre cette femme, mais pas toujours de manière habile et discrète. Rosalie finit ainsi par s’en rendre compte et s’en amuse au point de demander à sa nièce désœuvrée, et un tantinet déjantée, d’espionner à son tour Sébastien. Cette dernière va pour cela s’adjoindre l’aide d’amis marginaux comme elles, constituant ainsi une équipe de « pieds nickelés » qui ne vont pas faire non plus dans la discrétion. Petit à petit, l’embrouille va s’épaissir des deux côtés mais on va quand même suspecter que Rosalie cache un secret. Voici un film à la fois tendre, attachant et poétique tout en étant jubilatoire, décalé et parfois même totalement loufoque. Le tout est mené bon train par une équipe d’acteurs tous plus épatants les uns que les autres, à commencer par l’excellente Noémie Lvovsky et le non moins talentueux Kyan Khojandi sans oublier Anémone, la jeune Alice Isaaz, l’incroyable Philippe Rebbot ou encore Sara Giraudeau que l’on attendait pas dans ce registre. Plus d’information sur Allociné.
- Quand on a 17 ans. 😐 Dans un gros bourg de montagne, Marianne est médecin et vit le plus souvent seule avec son fils Damien, sachant que son mari est militaire et se trouve souvent en mission sur des théâtres d’opérations extérieures. Au lycée, Damien est souvent en butte avec Thomas, fils adoptif d’une famille d’éleveurs qui vivent dans une ferme isolée au dessus du village. Ces deux là ne peuvent pas s’empêcher d’en venir aux mains pour des motifs assez inexplicables. Un jour Marianne est amenée à intervenir justement dans la ferme des parents de Thomas et doit prendre la décision de faire hospitaliser la maman, laquelle est enceinte. Elle se prend alors d’affection pour ce garçon intelligent et courageux et, pour qu’il puisse continuer à travailler correctement dans la perspective de passer son baccalauréat à la fin de l’année, elle propose d’héberger Thomas provisoirement chez elle en espérant ainsi secrètement que les dissensions entre les deux garçons vont s’apaiser. A partir de ce moment, en effet, la situation va évoluer et petit à petit une véritable admiration de Damien pour Thomas va s’installer pour aller bien au-delà de la simple affection ou amitié. Ce film d’André Téchiné ne m’a pas vraiment convaincu. Tout ceci est lent, pas vraiment crédible et pour une chute pas très convaincante, et qui plus est agrémentée de scènes dont le réalisateur aurait pu se passer, sinon écourter ou traiter de manière moins crue. Si ce n’était Sandrine Kiberlain qui fait ce qu’elle peut pour « tracter » le film, pour le reste pas de quoi en faire tout un plat. Dans un registre un peu similaire, j’avais nettement mieux apprécié « La vie d’Adèle » d’Abdellatif Kechiche. Plus d’information sur Allociné.
Références :
Dans ce qui précède, j’ai fait référence à d’autres films connexes que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer dans des chroniques antérieures. Ainsi vous trouverez les articles associés, parmi d’autres films, dans les chroniques suivantes :