Photo pratique : La profondeur de champ

Dans le précédent article de cette série, consacrée à la vulgarisation de la technique photo, j’abordais le sujet majeur de la mise au point et je vous promettais de vous parler ensuite d’une problématique connexe liée à ce que l’on appelle la profondeur de champ. Voici qui va donc être fait avec ce nouvel article. 😉

 

La définition de la profondeur de champ (PdC) est assez simple. Il s’agit en fait de la distance comprise entre le premier et le dernier plan nets de l’image. Il convient de préciser dès maintenant que cette notion comporte une petite part de subjectivité. En effet, le passage du flou au net (et inverse-ment) ne s’effectue pas brutalement. Il existe toujours une zone de transition dont l’appréciation peut dépendre de chaque situation, et de chaque photographe.

Si la définition de ce paramètre est assez simple à énoncer, le principe est un peu plus complexe à expliquer car cela dépend de plusieurs paramètres parmi ceux que nous avons déjà abordés dans des articles précédents :

Avant de fournir une explication un peu plus technique, il vaut mieux commencer par retenir les règles de base qui régissent la gestion de la profondeur de champ :

  1. La PdC sera d’autant plus importante que l’ouverture sera faible. Une photo prise avec une ouverture f/2,8 aura une PdC plus faible que si elle est prise avec une ouverture f/13.
  2. La PdC sera également d’autant plus grande que la focale de l’objectif sera faible. Une photo aura une PdC plus faible avec un téléobjectif de 200 mm qu’avec un focale de 28 mm.
  3. La PdC sera d’autant plus importante que la mise au point se fera sur un sujet éloigné. Si on photographie une fleur de près, même à faible ouverture et avec un 28 mm, on aura toutes les chances que les avant et arrière plans soient flous.

Il importe enfin de noter que la zone de netteté est en général plus importante à l’arrière du sujet de mise au point qu’à l’avant, et ceci d’autant plus lorsqu’on travaille avec de grandes ouvertures.

Toutes les illustrations de cet articles montrent différents cas de profondeur de champ et, pour chacune, le commentaire affiché (lorsqu’on balade le curseur de la souris dessus) indique les paramètres de prise de vue (focale / ouverture / distance estimée). Si besoin, cliquez sur chaque photo pour les agrandir.

Quelques exemples pour illustrer différentes configurations :

Ici à gauche, nous avons à faire à une photo qui est nette sur pratiquement toute le champ de vision. Elle a été prise avec une focale de 80 mm, une ouverture f/11 et une distance de mise au point relativement éloignée (au centre de l’image sur le premier rempart du château de Beynac). Ce sont presque les conditions idéales pour obtenir une profondeur de champ maximale.

Sur cet autre cliché nous avons, au contraire, accumulé presque tous les handicaps. La focale est de 67 mm, l’ouverture plutôt grande à f/5,6 et une distance de mise au point très courte, vraisemblablement de l’ordre de 50 cm, pas guère plus. Le but était de montrer le détail du tableau de bord de ce modèle réduit et c’est réussi (ou presque) au détriment d’un avant plan et d’un arrière plan qui deviennent rapidement flous par rapport au plan de mise au point, lequel est le moyeu du volant sur lequel on distingue parfaitement le petit cheval cabré. A noter ici l’illustration du fait que la PdC est plus grande à l’arrière qu’à l’avant du plan de mise au point.

Cette fois-ci, sur le même sujet, et en extérieur avec des conditions de bonne luminosité, le but était de donner une vision « ras de terre » du bolide en tentant d’obtenir le plus possible de profondeur de champ afin de donner une vision d’ensemble la plus nette possible. En dépit d’une focale déjà conséquente de 127 mm, c’est sur l’ouverture que l’on a fortement agit en fermant de manière drastique à f/25. S’agissant de la distance de mise au point elle était assez faible et devait se situer ente 50 et 100 cm. Même si les avant plans (calandre et phares) ne sont pas parfaitement nets, on constate en revanche que le pare-brise et ses rivets sont très nets, ainsi que l’appui-tête en cuir ou encore les moulures des pneus. A l’arrière, la profondeur de champ nous permet encore de bien distinguer les rayons et le papillon de verrouillage de la roue arrière, et que l’on pourrait compter sans difficulté les rivets de l’aile.

Bon ! je le sens, vous aimeriez avoir des explications plus rationnelles de ces règles. Plutôt que de faire de longs discours, et de plagier ce que j’ai pu trouver ici ou là, je vous renvoie vers cet article de Franck Mée du site Les numériques. Il y explique, entre autres, la relation entre PdC et ouverture. c’est ce que j’ai trouvé de plus clair sur le sujet.

Mais me direz-vous, dans la pratique, comment faire pour maîtriser simplement la PdC ?

  • Avec le numérique, une bonne méthode est de faire des essais avec des paramètres différents et de juger immédiatement sur pièce en contrôlant sur l’écran… 😉 Bon d’accord, je sais..! ceci n’est pas très pro comme manière de procéder et du temps de l’argentique il valait mieux se creuser un peu plus avant d’appuyer sur le déclencheur. 😉
  • Visuellement au moment de la prise de vue, il est difficile d’apprécier la PdC dans le viseur car les appareils offrent tous désormais ce que l’on appelle « la visée à pleine ouverture » ce qui ne permet pas d’apprécier réellement la PdC dans le viseur (1). Certains appareils offrent toutefois la possibilité de tester une visée en fermant temporairement le diaphragme.
  • Autre solution, se fier aux indications qui sont fournies par l’objectif lui-même. En effet, certains disposent d’une échelle graduée qui permet d’apprécier la PdC. C’est assez peu précis, mais parfois suffisant. Attention quand même, tous les objectifs n’ont pas cette indication et ce sont surtout les anciennes optiques qui en disposent. Sur l’exemple ci-contre, avec une ouverture f/16 et une mise au point sur un objet situé à 5 m, la zone de netteté se situera entre 2,8 m environ jusqu’à l’infini.
  • Enfin, il existe des logiciels qui permettent de calculer la PdC en fournissant les paramètres de prise de vue. L’un des plus connus est celui de DOFmaster. Ceci n’a qu’un intérêt assez limité dans la mesure où il n’est pas très pratique d’emmener son PC sous le bras pour aller prendre des photos :-D. Toutefois ce petit logiciel en ligne a un intérêt pédagogique et je vous conseille vivement de l’essayer dès maintenant, pour vous familiariser avec le principe, en testant différentes combinaisons de paramètres, et le cas échéant en vérifiant pour certains de vos clichés. On notera quand même que ce même logiciel est également disponible pour des terminaux nomades i-Phone ou Androïd, et également en version installée pour Windows avec un look & feel proche des anciennes tables circulaires de calcul.

Lire également dans ce blog ces autres articles consacrés à la pratique photo :

Dans le domaine connexe de la retouche photo une série de tutoriels d’utilisation du logiciel Picasa.

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Notes :

(1) Mon premier reflex CHINON ne permettait pas la visée à pleine ouverture, ce que je déplorais alors car, en faible ouverture, il devenait difficile de voir correctement le sujet que l’on photographiait. En revanche, il est vrai que la profondeur de champ y était parfaitement évaluable.
 
Pour réaliser ce petit article je me suis appuyé en partie sur le livre de Patrick Moll consacré à l’appareil SONY Alpha 550 dont je dispose. Par ailleurs j’ai puisé quelques informations dans les articles de Franck Mée du site Les numériques ainsi que dans Apprendre la photo de Laurent Breillat. A noter également cet article de focus numérique.
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