Pour cette première chronique de l’année il n’y a pas grand-chose qui mérite vraiment que l’on s’enflamme. En effet, parmi les 9 films référencés ci-après, quatre sont (à mon avis) plutôt mauvais, voire pire encore pour trois d’entre-eux 😡 . Par ailleurs, deux ne sont que tout à fait moyens et il n’en restera donc que trois qui méritent un peu plus d’intérêt, avec malgré tout une mention particulière pour « l’hermine » qui est mon unique « coup de cœur ».
- La peur. 🙁 1914 en France, de jeunes conscrits quittent leurs campagnes pour rejoindre le front des hostilités. Parmi eux Gabriel et deux de ses camarades qui ne savent pas trop à quoi s’attendre mais qui, faute de mieux, se convainquent qu’ils seront vite de retour. Nous allons ainsi assister à leur immersion brutale dans l’horreur de cette guerre où la peur est omniprésente pour ces jeunes gens, non préparés à de telles atrocités, et pour qui il n’y avait pas trop d’autre choix entre tenter de survivre, quitte à recourir aux instincts les plus primaires, sinon à se réfugier définitivement dans la folie. Tiré d’un livre de témoignage (par la suite interdit d’ailleurs) d’un jeune soldat, voici un film assez déroutant, à mi-chemin entre fiction réaliste et documentaire. De plus cette tragique et sanglante épopée est soutenue par des commentaires en voix-off sinon par des dialogues assez artificiels et même parfois totalement surréalistes. Franchement, si ce n’est le bon travail de restitution de l’horreur des tranchées et la volonté de rendre hommage aux poilus de 14, je n’ai pas du tout accroché à ce film. Pour raconter cette période, j’avais trouvé nettement plus intéressant le film de Jeunet « Un long dimanche de fiançailles ». Plus d’information sur Allociné.
- Taj Mahal. 😡 Louise a dix-huit ans lorsque son père doit partir à Bombay pour son travail. En attendant d’emménager dans une maison, la famille est d’abord logée dans une suite du Taj Mahal Palace. Un soir, pendant que ses parents dînent en ville, Louise, restée seule dans sa chambre, entend des bruits étranges dans les couloirs de l’hôtel. Elle comprend au bout de quelques minutes qu’il s’agit d’une attaque terroriste. Unique lien avec l’extérieur, son téléphone lui permet de rester en contact avec son père qui tente désespérément de la rejoindre dans la ville plongée dans le chaos. Ce résumé du film, extrait de l’article que lui a consacré Allociné, me paraît suffisant pour présenter le contexte d’un scénario on ne peut plus mince lequel résulte pourtant d’un fait divers réel dont on aurait pu attendre davantage. Tout ceci est extrêmement laborieux, tout en longueurs et sans véritable histoire si ce n’est la simple chronique d’un attentat terroriste dont on n’apprend pas grand-chose sur les motivations ni sur le contexte politique du moment. Bref, je me suis ennuyé ferme et en plus les acteurs sont très moyens pour ne pas dire pire… Plus d’information sur Allociné.
- Les chevaliers blancs. 😐 Jacques Arnault est président de l’ONG « Move for kids » qui s’est donné comme objectif de récupérer des orphelins d’un pays d’Afrique en proie à la guerre civile afin de les confier à des familles françaises en mal d’adoption. Ainsi, avec sa compagne, une équipe de bénévoles, ainsi qu’une journaliste, il part pour une mission visant à trouver 300 très jeunes enfants afin de les ramener en France, le tout impliquant de l’argent. L’opération s’avère être de plus en plus complexe car il faut pour cela négocier avec les autorités locales (ou ce qu’il en reste) et surtout avec les chefs de village à qui on laisse croire qu’on va installer un orphelinat local. Par ailleurs l’équipe se heurte à des problèmes de logistique de toutes sortes. Petit à petit des dissensions apparaissent au sein de l’équipe lorsque certains découvrent le but réel de l’opération. Ce film raconte l’histoire de Eric Breteau et Emilie Lelouch fondateurs de l’ONG « l’Arche de Zoé » laquelle avait défrayé la chronique en 2007 et qui avait abouti à un fiasco total, assorti d’une crise diplomatique avec le Tchad, et s’était terminé par des condamnations. Si l’on compare ce que l’on sait de l’affaire réelle avec le film lui-même, la restitution est plutôt correcte pour ce qui est de l’opération sur le terrain elle-même. En revanche un certain parti pris apparaît du fait que le film s’arrête pile au moment de l’échec de l’opération et n’aborde pas du tout les suites diplomatiques et judiciaires pouvant ainsi laisser croire, à qui ne connait pas l’affaire réelle, que ces gens-là sont plus des victimes que des escrocs, ce qui n’est pourtant pas le cas. Certaines longueurs auraient pu ainsi être évitées pour permettre d’évoquer pendant quelques minutes l’épilogue peu glorieux de ces « pieds nickelés de l’humanitaire » comme certains les ont surnommés. S’agissant des acteurs (Vincent Lindon, Louise Bourgoin, Valérie Donzelli, Reda Kateb, pour ne citer que les plus connus) sont tous plutôt convaincants. S’agissant plus précisément de Vincent Lindon qui est un de mes acteurs préférés, il faudrait quand même lui dire que sa manière de marmonner plus qu’il ne parle finit par le rendre totalement inaudible. Sinon il faut recommander aux réalisateurs de sous-titrer systématiquement cet acteur… 😉 Plus d’information sur Allociné.
- Un + Une. 🙂 Antoine (Jean Dujardin) est un homme charmeur, plein d’humour qui vit avec légèreté entre ses amis, sa compagne Alice (Alice Pol) et son travail de compositeur réputé de musiques de films. Engagé par un réalisateur indien à l’occasion d’un remake très original de Roméo et Juliette, Antoine part pour quelques jours en Inde et, dès son arrivée, il est invité comme il se doit à un dîner chez l’ambassadeur de France (Christophe Lambert). C’est ainsi qu’il rencontre Anna (Elsa Zylberstein) l’épouse de l’ambassadeur. Plus ou moins névrosée et mal dans sa vie, Anna est tout le contraire d’Antoine mais pourtant celle-ci l’attire irrésistiblement et, le charme d’Antoine aidant, Anna va petit à petit succomber. Ils vont alors vivre une histoire d’amour quasi platonique mais surtout une incroyable aventure qui va les mener, au travers du pays, jusqu’aux frontières de la spiritualité. Après un départ un peu « plan plan » voici un film qui se laisse gentiment regarder. Petit à petit les personnages prennent de l’épaisseur et deviennent très attachants, chacun avec leurs fêlures. Qui plus est, c’est une histoire d’amour décrite tout en finesse entre ces deux personnages que tout sépare a priori. Hormis Christophe Lambert, les trois autres principaux personnages sont parfaitement bien dans leurs rôles respectifs. Après le très décevant « Salaud on t’aime » que j’avais eu l’occasion d’évoquer dans une précédente chronique, Claude Lelouch renoue ici avec le cinéma sincère qu’il sait bien faire et, même s’il ne s’agit pas d’un de ses meilleurs films, « Un+Une » mérite que l’on s’y arrête. Plus d’information sur Allociné.
- Enragés. 😡 Nous sommes dans une ville des Etats-Unis où une bande de 4 voyous tente un braquage. Celui-ci va mal tourner et se terminer dans un centre commercial où éclatent des coups de feu et où un homme est abattu. Les malfrats prennent une jeune femme en otage, arrêtent une voiture dans la rue et vont contraindre un homme à les conduire dans leur fuite alors que celui-ci devait emmener son enfant gravement malade à l’hôpital. Va s’ensuivre une sorte de road movie sanglant durant lequel ces fous furieux n’hésiteront pas à abattre toute personne qui se mettrait en travers de leur route. Pas la peine d’en dire davantage pour ce film qui est, passez-moi l’expression, une vraie « daube »…! C’est violent, c’est stupide, ce n’est absolument pas crédible, bref c’est à éviter à tout prix. Même le rebondissement de dernière minute ne sauve pas la moindre miette du film. Et pourtant il y avait du beau monde dans le casting, à commencer par Lambert Wilson dont on se demande ce qui a bien pu le motiver à jouer dans un tel « navet ». Plus d’information sur Allociné.
- L’Hermine. 😀 Nous sommes dans une petite ville de province du nord de la France où le juge Racine y règne comme Président de la cour d’assise. Brocardé sous le nom de « Président à deux chiffres » (pour ne jamais requérir moins de 10 ans de réclusion) il est aussi dur avec les prévenus qu’il l’est avec ses collègues et tous ceux qui l’entourent en général, y compris pour lui-même. A l’occasion du procès d’un jeune homme accusé de l’homicide de son enfant, Michel Racine est surpris de découvrir, parmi les jurés, Ditte une jeune femme médecin qui l’avait soigné lors d’un long séjour à l’hôpital à la suite d’un très grave accident. Ainsi, six années auparavant, Michel Racine avait nourri un amour follement platonique pour Ditte sans jamais vraiment le lui avouer. Pour cet homme qui s’est forgé une image d’inflexibilité, Ditte est sa « fêlure » et le fait de la revoir va brutalement bouleverser toute sa vie, y compris son approche dans le procès qui commence et où il va progressivement montrer beaucoup plus d’humanité et de sensibilité que ce que l’on pouvait attendre de lui. Petit à petit il va renouer secrètement le contact avec Ditte, au risque de friser la faute professionnelle. Il y a deux histoires qui se croisent et interagissent dans ce film remarquable. D’une part il y a cette histoire d’infanticide présumé qui nous amène à nous interroger sur le cas d’un jeune couple à la dérive et dans laquelle la culpabilité n’est pas forcément aussi évidente qu’on pourrait le croire. D’autre part il y a aussi cette histoire d’amour atypique et très émouvante entre ce juge a priori « droit dans ses bottes » et cette femme jurée qui est au contraire toute en humanité. Que dire de plus, sinon que Fabrice Luchini est une fois de plus remarquable, mais surtout que le film doit beaucoup aussi à la charmante et lumineuse Sidse Babett Knudsen. Enfin, chose rare pour un tel film, il apporte en prime un aspect pédagogique indéniable en nous permettant de nous immerger dans un procès d’assises et donc de mieux en comprendre le fonctionnement. A ce titre les scènes du procès lui-même ainsi que celles des débats du jury sont particulièrement édifiantes. Plus d’information sur Allociné.
- Les anarchistes. 🙂 Issu d’un milieu très modeste, Jean Albertini exerce, au bas de l’échelle, le métier de brigadier de police. Afin de pouvoir progresser dans la hiérarchie, il est amené à accepter une mission très particulière que lui propose son supérieur. Il a donc été choisi pour infiltrer un groupe d’anarchistes. Pour cela, il va commencer par s’introduire dans les milieux ouvriers où il va rencontrer un certain nombre d’activistes, dont Eugène et Biscuit, qui le mèneront petit à petit vers le cœur du groupe lequel mène une vie nettement moins prolétaire et parfois même plutôt bourgeoise afin de mieux brouiller les pistes. Parmi les membres du groupe il y a Elisée le théoricien et Marie-Louise la cheville ouvrière mais aussi et surtout la belle et énigmatique Judith. Contraint de jouer le double jeu, Jean va être de plus en plus tiraillé entre sa mission (et sa carrière) d’une part et d’autre part par la sympathie qu’il éprouve parfois pour ces idéalistes qui semblent l’avoir adopté, sans parler des beaux yeux de Judith… En dépit d’une certaine lenteur dans son déroulement, ce film finit par nous happer en nous rendant toujours plus attachants les personnages, et en particulier celui de Jean Albertini interprété par un Tahar Rahim qui est de plus en plus maître de son art depuis son rôle inoubliable dans « Un prophète ». A noter par ailleurs que « Les anarchistes » est également un film d’une grande esthétique, tant au niveau des dialogues très soignés que de la reconstitution historique du Paris de cette fin du 19ème siècle, que de la lumière, des costumes etc. Plus d’information sur Allociné.
- Back Home. 😐 Dans une banlieue aisée de New-York, Gene Reed (Gabriel Byrne) est enseignant et vit seul depuis le décès de son épouse Isabelle (Isabelle Huppert) il y a trois ans. Celle-ci était une photographe de guerre réputée et Gene contribue justement à l’organisation d’une exposition de son oeuvre à l’initiative du journaliste qui était l’équipier d’Isabelle sur les théâtres de conflits. Ceci amène Gene à se plonger à nouveau dans des souvenirs douloureux, d’autant plus qu’Isabelle s’est probablement suicidée. Par ailleurs il doit faire face au comportement irrationnel de son fils cadet Conrad qui vit très mal l’absence de sa mère, qui se renferme sur lui-même et refuse de communiquer avec son père. S’il semble mieux accepter la situation, le fils aîné Jonah est confronté pour sa part à une rupture dans sa vie avec l’arrivée d’un enfant et son retour chez son père relance également pour lui les souvenirs du passé. Ce film du norvégien Joachim Trier est d’un abord un peu particulier dans la mesure où tout le message qu’il tente de faire passer se situe dans le contexte des sentiments qui tourmentent cette famille confrontée à l’absence d’un être cher, chacun le vivant de manière décalée par rapport aux autres. Si on a un peu de mal à entrer dans ce contexte, ce n’est que plus tard, voire bien plus tard, que l’on finit par mesurer toute la profondeur de cette oeuvre singulière dans laquelle les allers-retours fréquents entre le présent, le passé, les rêves, etc. contribuent à troubler le spectateur. Au final, un bon film certes, mais malgré tout d’un abord difficile. Plus d’information sur Allociné.
- Dangerous people. 😡 Installé depuis peu à Londres, Tom et Anna, jeune couple d’américains ayant hérité d’une maison en ruines, se retrouvent criblés de dettes. Là où ils vivent en location, ils découvrent, dans l’espace qu’ils avaient sous-loué, un cadavre et un sac rempli de billets. Après une petite hésitation, ils décident de garder l’argent avant de prévenir la police. Mais les ennuis ne vont pas tarder à se présenter car un certain nombre de personnes peu fréquentables cherchent à récupérer le butin, lequel provient vraisemblablement du trafic de drogue. Un jeu de poursuites et d’actions violentes va alors s’engager avec un troisième intervenant en la personne de John Halden le policier qui, en dépit de l’hostilité de sa hiérarchie, s’intéresse à l’affaire. Voici un film que vous pouvez éviter sans aucun scrupule. C’est du travail totalement bâclé, une intrigue « à l’eau de vaisselle » et un jeu d’acteurs très peu convaincant. Plus d’information sur Allociné.